« Le Dormeur éveillé », éveil sur le monde

Le Dormeur éveillé
de Boris Van der Avoort
Documentaire
Sorti le 16 juin 2021

Né 1967 en Belgique, Boris Van der Avoort est diplômé de l’Ecole Supérieure des arts visuels de La Cambre en photographie et de l’INSAS en montage. Il a réalisé de nombreux documentaires et fictions sur des thèmes divers tels que l’art, le langage, l’entomologie ou encore l’enfance.  

« Le Dormeur éveillé » est un documentaire très personnel puisqu’il suit le cinéaste, insomniaque, dans sa quête pour retrouver le sommeil. Celle-ci commence dans sa chambre pour s’élargir progressivement vers d’autres lieux et d’autres temps. En effet, loin de s’apitoyer sur son sort, il se sert de cet état pour s’inscrire dans un questionnement sur les êtres vivants et le monde. Cette insomnie va être le point de départ de recherches sur les variations d’états de conscience et les biorythmes.

Boris Van der Avoort mène une véritable enquête sur les causes et répercussions du manque de sommeil mais également sur les solutions existantes, d’abord naturelles puis médicales et enfin chirurgicales. Ce parcours linéaire d’un patient est ponctué d’informations et images historiques, philosophiques et du monde naturel. Au fur et à mesure de l’avancée de son étude, sa relation à la nuit va être bouleversée pour être mieux apprivoisée.

Nous sommes plongés dans un monde situé entre rêve et réalité, entre bien-être et cauchemar dans un état chimérique ou de torpeur. Le réalisateur a parfaitement retranscrit dans les décors, sensations et sons, les difficultés de l’endormissement ainsi que les conséquences du manque de sommeil. Les scènes filmées en milieu médical sont particulièrement intéressantes et marquantes car elles montrent l’investissement des acteurs de la santé mais aussi leurs limites et l’aberration de certaines situations.

Retrouver le sommeil n’est pas simple surtout lorsque la nuit apporte des avantages en termes de travail et de création. En effet, plusieurs artistes sont plus productifs la nuit et le cinéaste s’interroge sur cet antagonisme. Ses capacités resteront-elles les mêmes pendant la journée ou cette créativité se réveille-t-elle uniquement la nuit ?

Un travail remarquable a été effectué sur les couleurs, les ombres et lumières qui sont savamment étudiées et distillées. Une attention particulière a été apportée à la photographie et les images sont d’une grande beauté.

Cependant, ce documentaire n’est pas commun et est surprenant à plusieurs niveaux, ce qui pourrait déplaire à certains spectateurs. Boris Van der Avoort s’attarde trop sur des détails au profit d’un effet visuel et la forme prend souvent le pas sur le fond.