Le Chevalier fracassé, un destin atypique sur fond de Révolution

Couverture du roman historique « Le chevalier fracassé » de Colin Thibert (Héloïse d’Ormesson, 2023)

Titre : Le Chevalier fracassé
Auteur : Colin Thibert
Éditeur : Héloïse d’Ormesson
Date de parution : 16 février 2023
Genre : Roman historique

Dans son roman historique Le Chevalier fracassé, Colin Thibert imagine les tribulations d’un jeune Suisse recherché pour meurtre et désireux de se refaire une réputation dans le Paris révolutionnaire. Sous le pseudonyme d‘Alessandro Vesperelli, Alexandre-Joseph décide d’accepter des rôles subalternes pour s’introduire dans les cercles de la bonne société. Il parvient ainsi à s’attirer les bonnes grâces d’un vieux marquis excentrique. Mais, après la prise de la Bastille, il ne fait plus bon d’être noble…

Un héros prêt à toutes les compromissions pour se faire une place

Né à Neufchâtel, Alexandre-Joseph est issu d’une famille commerçante aisée car son père est imprimeur. Il rêve de faire fortune dans les cercles de la finance mais une altercation qui tourne mal le force à l’exil. C’est ainsi qu’il se retrouve à Paris sous une fausse identité, contraint d’accepter diverses missions de laquais, d’abord auprès du docteur Mesmer, connu pour sa théorie du magnétisme animal. Les traitements de Mesmer étant prisés par les dames de la bonne société, « Alessandro » n’hésite pas à user de son charme pour se faire inviter dans le salon parisien de madame de Vaupertuis.

Mais contrairement aux héros des romans d’apprentissage du XIXe siècle, Alessandro est plutôt insensible aux idéaux de son temps et a peu de scrupules à manipuler ses protecteurs. Trafics entre Paris et Londres, séduction des puissants… il est prêt à tout pour tirer son épingle du jeu.

Une narration détachée

Si Le Chevalier fracassé se lit facilement, le style est parfois un peu déroutant. Plusieurs tournures de phrase maintiennent volontairement le lecteur à distance du récit. L’insertion de citations de l’Evangile (avec leurs références entre parenthèses) dans les dialogues des premiers chapitres vise vraisemblablement à créer un effet comique, mais elle a aussi pour effet d’empêcher l’identification avec le protagoniste et de générer une certaine incrédulité chez le lecteur. Il en est de même pour certains anachronismes à visée humoristique (du type « Mesmer, on l’ignore trop souvent, n’est pas seulement l’inventeur du magnétisme animal, il est également le précurseur de la musique lounge »).

Un point de vue original sur la Révolution française

Le récit reste toutefois plausible, offrant une perspective intéressante sur la Révolution française. Sans jamais sembler servir de prétexte à l’intrigue, le contexte historique est bien présent. On découvre notamment l’engouement qu’ont généré des initiatives pseudo-scientifiques comme le magnétisme de Mesmer ou les projets de panoramas basés sur la catoptrique, c’est-à-dire l’étude des phénomènes de réflexion de la lumière. La relation entre Alessandro et le marquis de Faverolles permet enfin d’évoquer la perception des « invertis » et le sort de la vieille noblesse pendant la Révolution.

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