Yes, peut-être ! : pour redécouvrir Duras au Public

© Gaël Maleux

De Marguerite Duras. Mise en scène de Michael Delaunoy. Avec Baptiste Blampain, Jeanne Kacenelenbogen, Chloé Struvay. Du 12 janvier au 25 février 2023 au Théâtre le Public.

Au milieu d’un désert délimité par le public, de part et d’autre de la scène, deux femmes s’étonnent face à un soldat échoué. De cette situation, émergent des mots qui oscillent entre humour et sujets profonds.

Duras… une maitresse du langage qui n’a pas son pareil. Avec Yes, peut-être !, Michael Delaunoy propose une mise en scène prometteuse, un peu trop peut-être ? Le texte est d’emblée hermétique. En y ajoutant différents sens, sa réception devient difficile. On apprécie le biais de l’humour porté à merveille par les deux comédiennes. Seulement, beaucoup d’autres sens, qui se veulent plus sérieux et contemporains, rendent la pièce difficilement abordable.

Il y a une bonne énergie générale. Les scènes en mouvements, notamment la chorégraphie de l’homme en état d’éveil, s’intègrent bien dans la pièce et dans l’espace. Malheureusement, le surplus d’informations nous fait perdre le fil. Le moyen le plus facile pour suivre est de se concentrer sur ce qu’on comprend : la guerre et l’absurdité qu’elle engendre dans les esprits à travers le temps.

Si on connait un peu le travail de Marguerite Duras, on ne peut s’empêcher de creuser dans ce langage pour découvrir ce qu’il y a derrière l’humour. On redécouvre alors les méthodes appréciées chez l’auteure. Déconstruction, interrogation des possibilités du langage surtout en littérature et en théâtre, camouflage d’un travail exigeant pour le rendre simple en apparence… il y a bien des façons pour parler de l’écriture de Duras. Dans la pièce, l’humour est clairement la porte d’entrée, seulement on n’ose pas trop la quitter pour s’aventurer au coeur du sujet.

Yes, peut-être ! est une belle tentative, une chouette tentative même. Il a de la matière, des initiatives mais on aimerait plus de clarté. On ressent un réel amour du texte choisis et une envie de le pousser vers le théâtre contemporain. En 1h, le public reçoit beaucoup des comédiens, de la thématique et de son voile humoristique. Si on partage un sentiment de déception, c’est pour le manque d’équilibre. Mais si on en redemande, c’est parce qu’on aimerait voir l’humour, le sujet sur les conséquences de la guerre et la dimension contemporaine poussés à leur maximum.