« La Promesse verte », un éco-thriller fragile mais charmant

La Promesse verte
d’Edouard Bergeon
Drame
Avec Alexandra Lamy, Félix Moati, Sofian Khammes
Sortie en salles le 10 avril 2024

Après Au nom de la terre, premier long-métrage dans lequel il dépeignait la tragique descente aux enfers d’un agriculteur français, Edouard Bergeon poursuit dans la veine militante avec La Promesse verte. Etudiant engagé auprès d’une ONG en Indonésie pour rédiger sa thèse sur la déforestation, Martin est témoin d’un massacre d’autochtones impliquant la complicité du gouvernement et d’exploitants d’huile de palme. Jeté en prison, le jeune homme est vite condamné à mort dans un simulacre de procès visant à étouffer l’affaire. Commence alors le combat de Carole, sa mère, seule face aux puissants lobbies industriels, pour sauver son fils.

Face à la complexité d’un tel sujet, aux ramifications politiques multiples et indémêlables, Bergeon a l’idée lumineuse de donner à son film la forme d’un thriller paranoïaque évoquant le cinéma d’Alan J. Pakula comme celui de Sydney Pollack. L’écriture vise ainsi une efficace toute américaine, que ce soit dans les dialogues dont chaque réplique a pour mission de faire avancer l’action, ou bien dans les personnages qui incarnent chacun un archétype : le héros idéaliste (Félix Moati), la princesse (Julie Chen), le traitre (Antoine Bertrand), la mère courage (Alexandra Lamy). En fondant ainsi le travail d’enquête fastidieux mené tambour battant par Carole dans ces codes bien connus du public, le cinéaste fluidifie son récit dans une forme accueillante, garantissant au spectateur une disponibilité émotionnelle essentielle à la fabrication du suspense.

Et qu’importe que ces ambitions stylistiques soient parfois trop grandes pour les épaules du réalisateur : les dialogues ne sont pas toujours très inspirés, la scène d’action est franchement mal fichue et tous les personnages ne bénéficient pas d’une grande finesse d’écriture (Nila l’activiste et Peter le codétenu en sont les exemples frappants). Bergeon approche son film avec une telle candeur et une vraie foi dans les puissances de son médium, que cette promesse verte finit par se parer d’un charme naïf, fragile, mais certain. En témoigne l’excellente idée d’avoir confié les clés de cette série B du dimanche soir à Alexandra Lamy, actrice populaire abonnée aux téléviseurs de millions de foyers au début des années 2000, n’ayant jamais vraiment réussi à transformer l’essai sur grand écran. C’est désormais chose faite, puisqu’avec une vigueur et un engagement total, elle trouve ici son meilleur rôle.