« La Belge collection » : une initiative locale

Certains diront qu’il était temps ! Alors que les Français profitent depuis déjà plus d’une vingtaine d’années des Talents Cannes d’Adami, série de courts-métrages réalisés localement et visant à promouvoir de jeunes comédiens du pays, il a fallu attendre 2020 pour voir la même initiative prendre vie chez nous. L’exportation du projet on l’a doit à un couple montant du cinéma belge – Guillaume Kerbusch découvert dans La Trêve et sa compagne la réalisatrice et comédienne Laura Petrone – sans qui les habitués de nos salles obscurs, désireux de découvrir à l’écran de nouveaux visages dans un format condensé, auraient continuer à attendre.

Dans ce volume 1 de La Belge Collection, marrainée par Emilie Dequenne, sont compilés quatre courts-métrages très différents qui nous font passer du rire au larmes, ou plutôt dans ce cas-ci des larmes aux rires. Guillaume Senez qui avait réalisé en 2018 Nos batailles, reste en terrain connu en proposant pour l’ouverture de cette session un drame intimiste racontant la relation fragile qu’entretient un père avec son fils, Mieux que les rois et la gloire. Malheureusement, il faut croire que le format long est plus adapté pour ce réalisateur qui peine à faire passer les émotions qu’il espère susciter, se perdant dans des dialogues creux et des scènes caricaturales, l’air de dire au spectateur « t’as vu, c’est ça que j’ai voulu dire ». Tout n’est bien sûr pas mauvais. Il y a du potentiel, notamment dans le jeu du premier rôle, mais l’ensemble reste peu abouti.

Vient ensuite Rien lâcher, le court-métrage réalisé par Laura Petrone et Guillaume Kerbusch (encore eux) dans lequel une jeune fille débonnaire se plie en quatre pour s’occuper de sa mère malade. En nous tirant quelques sanglots, le fameux duo réussit là où Senez échoue. Fort d’un jeu d’acteur excellent – avec une mention toute spéciale attribuée à Amandine Rajau qui interprète la mère –  Rien lâcher embarque le spectateur dans un dernier voyage d’une douce tristesse.

L’ambiance bien plombée par ses premiers courts-métrages pour le moins tragiques, la fête peut reprendre sur une note plus légère avec pour commencer Des choses en commun, proposé par Ann Sirot et Raphael Balboni. Ce tandem de réalisateurs, ayant bâti leur cinéma sur les fondements de l’improvisation, s’inspire des road-movies pour montrer avec humour comment à bord de voitures de location, les destins peuvent aussi se croiser.

Et finalement, le mot de la fin est laissé à Xavier Seron : Sprötch. Clou du spectacle, ce dernier court aux airs de C’est arrivé près de chez vous cogne là où ça fait mal. Tout dérape dans la vie paisible d’une banlieue bourgeoise quand Tom, écrivain distrait et pas franchement doué, écrase par mégarde le copain faussement finlandais de son fils. Sprötch, Inscrivant son dernier projet dans la même veine que Je me tue à le dire, Xavier Seron joue avec la bichromie et des effets sonores exagéré pour créer une ambiance décalée digne d’un Quentin Dupieux.