Joan Miró : L’essence des choses passées et présentes est le titre de la toute nouvelle exposition qui s’invite au Musée des Beaux-arts de Mons (le BAM) du 8 octobre 2022 au 8 janvier 2023. Première monographie belge consacrée à Joan Miró, elle retrace toute la carrière de ce grand artiste du XXe siècle qui fut l’une des figures emblématiques du surréalisme catalan. Près d’une centaine d’œuvres sont présentées, donnant à voir un côté plus intime du personnage. L’exposition met l’accent sur ses influences, ses recherches, et ses aspirations quant au traitement réservé à la peinture.
Un artiste inclassable
Joan Miró ne cessera toute sa vie durant de poursuivre ses études, guidé par une insatiable soif d’apprendre. Il puisera son inspiration dans ses intérêts multiples : primitivisme, fauvisme, cubisme, art roman, renaissance italienne et néerlandaise, âgé d’or hollandais, calligraphie et peinture japonaise, avec une préfère affichée pour l’art préhistorique. Il se forge ainsi un style pictural si particulier qu’il en deviendra reconnaissable entre tous. Tour à tour peintre, graveur, céramiste et sculpteur, Miró demeure un artiste inclassable. Pour mieux comprendre la manière dont il envisageait son processus créatif, des dispositifs immersif et interactifs jalonnent le parcours de l’exposition.
Fundació Pilar i Joan Miró a Mallorca, Don de l’artiste, 1981.
Dépeindre la « réalité poétique » de la vie
La présentation d’œuvres qui pourraient sembler d’aspect naïf pour ne pas dire enfantin, veut prendre le contre-pied de ce fait en mettant en lumière la complexité et la sophistication de la technique de l’artiste, tout autant que le haut degré de recherche et de préparation qui précédait à leur réalisation. Sa passion pour l’art préhistorique notamment témoigne de son processus de déconstruction de la forme, pour ne plus laisser apparaître que la véritable essence des choses. Grosses traînées de pinceaux dégoulinantes, figures de plus en plus abstraites, coulées de peinture, utilisation des couleurs primaires en petites touches, dessins primitifs, processus du graffiti, sont autant de techniques que Miró a délibérément adoptées pour laisser s’exprimer son imagination et tendre à l’équilibre entre inspiration du passé et moyens d’expression modernes.
Miró sculpteur
Pour Joan Miró, la sculpture est plus concrète que la peinture. Il se distingue dans cette forme d’expression artistique dès à partie du milieu des années 1940 et ce, jusqu’à la fin de sa vie. Il s’inspire encore une fois de l’art préhistorique mais aussi des grandes statues Moai de l’île de Pâques pour créer ses « déesses de la fertilité », des sculptures féminines réduites à leur forme la plus simple. La fertilité est un thème ouvertement abordé avec la sculpture, et le résultat d’une réflexion profonde sur l’homme et son lien avec la nature.
Une rétrospective réussie
Si Joan Miró est un artiste qu’on ne présente plus, l’angle de vue adopté par le BAM est suffisamment novateur pour susciter l’intérêt. Bien qu’aucune œuvre majeure ne soit présentée, celles exposées forment un tout homogène et de qualité. L’exposition est aérée, l’accrochage est clair et sobre, ce qui permet une lecture fluide et sans ennui des œuvres. Si vous passez à Mons, ménagez-vous un moment dans votre emploi du temps pour faire cette découverte bousculante et novatrice.
Infos pratiques
- Où ? BAM, Rue Neuve 8, 7000 Mons, Belgique.
- Quand ? Du 8 octobre 2022 au 8 janvier 2023, du mardi au dimanche de 10h à 18h.
- Combien ? 16 EUR au tarif plein. Plusieurs tarifs réduits disponibles.
