Au courant de Kristien De Proost au Varia

Interprétation, conception et texte de Kristien De Proost

Du 25 avril au 12 mai 2017 au Varia

« Lire en quelqu’un comme dans un livre ouvert » prend sens dans la pièce de Kristien De Proost. Dans Au courant, nous faisons connaissance avec Kristien, qui, malgré son apparente timidité, se dévoile face à nous. A la manière d’Amélie Poulain, elle nous décrit tout ce qu’elle est, physiquement, psychiquement. Elle exprime dans une multitude d’énumérations ce qu’elle aime, ce qui l’a rend heureuse, ce qu’elle abhorre, et tout le reste. Blablabla… Des banalités, des platitudes qui font sourire parce qu’elles nous renvoient à tous et à chacun des morceaux de notre réalité. Cet autoportrait nous rappelle une curieuse familiarité : nous-mêmes. Ce n’est plus seulement Kristien qui est mise en lumière sur scène mais le public également. Il est piqué à vif. Nous sommes un miroir réfléchissant mais Kristien elle-même nous renvoie à nos vices les plus banals et nos préférences a priori les plus innocentes.

Dans le courant actuel, où tout va plus vite, nous tentons de capter la soi-disant essence des personnes. De la manière des réseaux sociaux multimédias et IRL, Au courant semble scanner méticuleusement la vie de Kristien De Proost, 2017. Cette manière creuse et froide nous permet de saisir son portrait chinois mais par ailleurs, il reste tristement figé dans un musée où les choses se dépoussièrent au fil de ses thèmes abordés.

Paradoxalement et ironiquement, Kristien de Proost dynamise ces portraits figés, ces pages face de chèvre superficielles, en se mettant dans un mouvement permanent. Cherche-t-elle à dynamiser ces façons fades et tristes d’apprendre à se connaître ou est-ce une façon à elle de pointer du doigt, qu’encore une fois, nous ne passons qu’en revue les personnes que nous rencontrons ? A courir dans tous les sens, nous ne prenons que brièvement le temps de se poser pour apprendre à connaître l’autre mais surtout soi-même.

Ici, l’être humain est présenté comme une pièce au musée qu’on décortique pièce par pièce. Heureusement, malgré une étude qui semble poussée d’une heure et demie, on réalise que cela reste superficiel. On se livre mais finalement on n’expose que ce qui nous arrange bien. La zone de confort reste de mise et on ne se mouille pas… quoique… Kristien De Proost s’affiche, se mouille et plonge !

Sans perdre pied, elle parvient dans sa course à garder le cap et à nous offrir, le temps de sa pièce, une bouffée de rire qui permet de nous distancier de ces façons d’apprendre à se connaître. Je vous invite à vous poser dans vos courses effrénées et de prendre le temps d’aller découvrir l’originale et surprenante mise en scène de Au courant.