Bécassine ! Tu nous rends bien

Bécassine !

de Bruno Podalydès

Comédie

Avec Émeline Bayart, Karin Viard, Denis Podalydès, Michel Vuillermoz

Sorti le 20 juin 2018

Bécassine grandit à la campagne, entourée de ses parents travaillant dur dans les champs et de son oncle Corentin qui veille affectueusement sur elle. En âge de quitter le nid, elle rêve d’aller à Paris. Son baluchon sur l’épaule, elle entreprend pleine d’espoir le long voyage qui la conduira à la capitale. Mais en chemin, elle croise la route de la marquise de Grand-Air et de la petite Loulotte, dont elle va devenir la nourrice. Bécassine s’attache très fort à l’enfant, avec laquelle elle coule des jours heureux au château de la marquise. Malheureusement, ce bonheur ne peut plus durer car la situation financière de Madame de Grand-Air est au plus bas et l’arrivée de Monsieur Rastaquoueros, un marionnettiste intrigant, ne facilite rien. Refusant de se laisser abattre, Bécassine peut compter sur son ingéniosité débordante pour essayer d’arranger les choses.

Loin de l’image de bécasse que l’on pourrait avoir de ce personnage de bande dessinée créé en 1905 (son surnom viendrait d’ailleurs du fait que des bécasses aient survolé le village le jour de sa naissance), Bruno Podalydès dépeint une Bécassine certes un peu naïve, mais très inventive et extrêmement attachante par sa bienveillance et sa faculté d’émerveillement. Bref, le genre de nounou dont tout le monde rêverait. Émeline Bayart, dans le rôle-titre, a réussi à insuffler à son personnage une dimension comique sans tomber dans les clichés ni la moquerie, tout comme Karin Viard, qui incarne avec humour une marquise hautaine mais sympathique. Le reste du casting regroupe des fidèles du réalisateur, dont le réalisateur lui-même, ce qui renforce cette impression de retrouver des personnages familiers, avec lesquels on se sent bien malgré tous leurs petits défauts.

Une certaine nostalgie se dégage du film, non seulement liée à l’époque d’avant-guerre durant laquelle se déroule l’histoire, mais aussi et surtout liée à l’évocation de l’enfance, caractérisée par cette insouciance que beaucoup d’adultes aimeraient parfois pouvoir retrouver mais que seule Bécassine a pu préserver. Cette ambiance chaleureuse et réconfortante est sublimée par des décors pittoresques et une mise en scène aux accents enchanteurs, nous plongeant par moments au beau milieu de l’univers féérique des lanternes magiques et autres précurseurs du cinéma. En nous faisant renouer avec notre âme d’enfant de manière subtile et toujours avec cet humour décalé qui le caractérise, Bruno Podalydès parvient avec talent à adapter à l’écran une facette à la fois tendre et forte d’un personnage controversé.

A propos Julie Vermandele 24 Articles
Journaliste du Suricate Magazine