Animals de Ceridwen Dovey

animals

auteur : Ceridwen Dovey
édition : Héloïse d’Ormesson
sortie : novembre 2016
genre : nouvelles

C’est une idée novatrice qui se cache dans ce recueil de nouvelles écrit par Ceridwen Dovey. Animals nous fait, en effet, prendre conscience de l’absurdité des guerres et massacres humains, en donnant la parole aux animaux dont le sort fut scellé lors de ces tristes événements. Avec le chat mort au combat lors de la première guerre mondiale, et la tortue, envoyée dans l’espace durant la guerre froide, en passant par la moule, victime de Pearl Harbor, ce roman réveille chez le lecteur toute l’empathie qu’il peut éprouver à l’égard de ses amis les bêtes.

Chaque histoire est elle-même pensée et racontée de manière unique, le discours de ces créatures étant à la fois empli de poésie et d’originalité. En alternant nouvelle épistolaire, conte et récit de vie, Ceridwen Dovey s’amuse. D’ailleurs aucun obstacle ne vient entraver l’imagination débordante de l’auteure qui va même jusqu’à utiliser des personnages complètement féeriques pour rendre son récit plus vivant.

Un travail de fond a également dû être réalisé par cette australienne qui semble capable de donner les détails les plus improbables sur chacun des animaux qu’elle fait parler, en allant jusqu’à décrire la reproduction de la moule. D’ailleurs Ceridwen Dovey parvient également à attribuer des sentiments humains à chacun de ses protagonistes bestiaux, en réfléchissant leurs caractéristiques et la manière dont nous les percevons. C’est ainsi que le lecteur fait la connaissance d’un dauphin érudit, d’un chien fidèle ou encore d’une chatte m’as-tu-vu.

Malheureusement, si l’auteure étale ses connaissances en matière de zoologie, ce n’est pas le cas en ce qui concerne le domaine géopolitique. Ceridwen Dovey parvient, en effet, à faire vivre des ambiances très particulières issues de la misère et du désastre, mais les événements sur lesquels elle s’appuie ne sont, volontairement ou involontairement, pas assez exploités. Et si, avec le bagage culturel dont nous disposons, il est facile de se plonger dans l’épopée du chien victime de la seconde guerre mondiale, il est, en revanche plus difficile de comprendre le drame vécu par le dromadaire sur le continent australien en 1892.

Simple et clair avec, par moment, des tournures de phrases plus élaborées: Le style littéraire utilisé est parfait pour se détendre. C’est dommage, néanmoins, que, sauf pour le singe, l’auteure n’ait pas fait l’effort d’adapter sa prose à l’époque, au lieu et au type d’animal qu’elle mettait en scène.

En bref, Animals peut être un livre lu par un public adolescent afin d’aborder le cours d’histoire de manière différente. Mais c’est également un bon livre à consommer un dimanche avec, tout de même, une vraie réflexion sur la perversité des actes humains.