Alvin plein les pattes

Alvin

Dessinateur : Renaud Dillies
Scénariste : Régis Hautière
Éditions : Dargaud
Sortie : le 12 juin 2015
Genre : Bande dessinée franco-belge, humour

Vous souvenez-vous d’Abélard ? Ce curieux oiseau avec son chapeau magique qui, un beau jour, rencontra un ours et ne le lâcha plus d’une semelle jusqu’à ce que la mort les sépare ? Eh bien l’Héritage d’Abélard n’est pas la suite des aventures d’Abélard, mais bien celle de son compagnon, Gaston, l’ours mal léché que l’on retrouve aussi bougon qu’en le quittant.

Gaston vit désormais à New York, et comme la plupart des immigrés du début du XXème siècle, sa situation n’est pas des plus enviables. Ouvrier dans le bâtiment, il parvient à joindre les deux bouts car il sait qu’il peut compter sur lui-même. C’est un débrouillard qui mène son train quotidien sans rien demander à personne. Or ça, c’était sans compter la poisse qui lui colle à la peau. Car le cœur de Gaston est en train de fondre pour une fille de mauvaise vie qu’il fréquente assidument, et, comme ce fut déjà le cas avec Abélard, il suffit à Gaston de s’attacher à quelqu’un pour que ce quelqu’un passe aussitôt de vie à trépas…

Gaston n’était pas encore guéri d’avoir perdu Abélard que le revoilà endeuillé. Sauf que cette fois, il n’aura pas l’occasion de s’apitoyer bien longtemps, car avant de mourir, Purity lui avait fait promettre de prendre soin de son rejeton, Alvin, le temps de le placer dans une famille d’accueil (et surtout pas à l’assistance publique, cette école de la délinquance !) Bien entendu, une fois qu’il l’a sur les bras, Gaston ne parvient pas à se dépêtrer du marmot. Et voilà notre nouveau duo qui prend forme pour de nouvelles aventures.

Puisque l’Héritage d’Abélard est une suite, découvrir une œuvre radicalement différente d’Abélard aurait déçu nos attentes. C’est donc avec beaucoup de satisfaction que l’on a retrouvé dans Alvin les ingrédients qui ont fait le charme et le succès d’Abélard. Ainsi, le duo contrasté formé par Alvin et Gaston, partant vers l’inconnu, fait irrésistiblement penser au duo que formaient Gaston et Abélard. Et comme dans la première partie de l’histoire, les situations dans lesquelles se retrouvent les personnages sont aussi cocasses que grinçantes, mêlant des registres complètement opposés comme la rudesse de la vraie vie et le côté naïf de la bande dessinée pour enfants.

A l’inverse, si l’on redoutait un récit beaucoup trop proche du premier, ce qui eut bien entendu été répétitif et décevant, nous voilà rassurés. Le personnage d’Alvin a bien quelques caractéristiques en commun avec Abélard, comme son physique chétif ou son don pour mettre Gaston hors de lui, mais mis à part cela, leurs profils diffèrent assez bien. Abélard avait grandi dans un univers bucolique et voyait toujours le bon côté des choses. Alvin, quant à lui, c’est tout le contraire. Fils de prostituée, c’est un gamin désillusionné qui a grandi dans les rues de New-York, livré à lui-même.

Bref, Renaud Dillies et Régis Hautière sont parvenus à éviter les pièges auxquels on les attendait au tournant. L’équilibre entre fidélité et renouveau est si bien calibré que l’on peut simplement profiter de la lecture sans sentiment de trahison ni impression de déjà vu. Le scénario, porté par le dessin naïf et coloré de Dillies, reconnaissable parmi tous, vous fera fondre. Une véritable réussite. Pourvu que la suite ne se fasse pas attendre trop longtemps !

A propos Ivan Sculier 67 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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