Le 18, tram magnifique de Jean-Louis Sbille

auteur : Jean-Louis Sbille
édition : Lamiroy
sortie : octobre 2016
genre : récit

Kevin adore prendre le tram, il y dort, il y rêve, il y mange des galettes de riz « une mangée, deux retrouvées sur son pull », il y voit les petites habitudes de chacun, il y voit aussi la jolie primo-arrivante tchétchène dont il est amoureux. Dans le tram, il se protège de la drache nationale qui trempe tous les passagers et qui fait du 18 un bouillon de culture bactériologique. A l’école, il ne se laisse pas faire et en est fier, il ne se laisse pas intimider par Mollard parce que même s’il a peur, il pense que le plus important c’est de défendre qui il est. Puis, il y a aussi sa grand-mère qui l’appelle une première fois pour qu’il trouve son téléphone et une deuxième fois pour qu’il décroche.

Kevin va bientôt descendre, il vient d’avoir sa grand-mère au téléphone, il est content puis… plus rien. Quelques lettres, une onomatopée qu’on ne comprend pas et qui pose question. Puis c’est Charlie Hebdo, puis le Bataclan, puis Maelbeek, puis encore Zaventem… Le 18, tram magnifique c’est le quotidien qui pète en mille éclats de doute et qui se teinte de la couleur de l’insécurité.

Dans cet opuscule, en quelques pages bien faites, Jean Louis Sbille nous raconte Bruxelles et nous raconte une horreur qui surgit de nulle part, qui éclate nos bulles de confiance et qui fait naître l’inconfort là où on ne l’attend pas. L’auteur est un touche-à-tout, auteur, acteur, dramaturge, qui est arrivé en peu de pages à retranscrire parfaitement ce qu’est l’irruption de l’horreur dans le quotidien. Efficace, simple et touchant.

D’une écriture tout aussi simple, proche du langage oral, presque poétique, Jean Louis Sbille nous attrape au cœur et agit comme un memento mori plein de tristesse. C’est un petit livre idéal à lire dans le tram finalement et étrangement, exutoire poétique, catharsis pour mettre des mots sur une peur qui nous tient à la cheville depuis quelques temps.