Titre : L’impératrice de Pierre (tome 2)
Auteur.ice : Kristina Sabaliauskaite
Edition : Folio
Date de parution : 15 mai 2025
Genre du livre : Roman historique
L’histoire a trop souvent été écrite par les vainqueurs, que l’on pense à La guerre des Gaules de Jules César, ou à la mise sur un piédestal de la figure de Napoléon, qui, certes, a entrepris de grandes réformes qui nous marquent encore à l’heure actuelle, mais qui d’un autre côté à mis l’Europe à feu et à sang. Dans l’impératrice de Pierre, on prend le chemin inverse en suivant les traces d’une orpheline lituanienne qui, après bien des malheurs accèdera au pouvoir dans un pays qui a toujours méprisé les siens.
Dans le premier tome de cette saga historique redonnant vie à Catherine Ire , on suivait l’agonie de la première impératrice de Russie et l’égrenage des souvenirs de ses jeunes années jusqu’à son mariage avec Pierre le Grand. Dans ce second tome, on assiste toujours au monologue intérieur de Catherine, un monologue dans lequel elle se remémore la seconde partie de sa vie au cœur du pouvoir, de son union à un tsar violent et instable à sa propre accession au trône alors que, tout autour, les guerres grondent.
Violence et mépris
Mépris et violence, les deux mamelles du pouvoir en Russie depuis l’époque de la Moscovie jusqu’à nos jours, sont les deux mots que l’on retiendra pour caractériser ce récit. Mépris de la part de tous ceux qui ont un peu de pouvoir, souvent eux-mêmes méprisés et qui perpétuent cette chaîne de mauvais traitements sur les plus faibles qu’eux. Mépris comme une réaction également face à un Occident civilisé que l’on envie et qui nous traite de barbares. Violence généralisée, violence de la guerre bien entendu où le but est d’écraser l’ennemi, soldats ou population civile via le viol notamment, mais violence quotidienne également, verbale – la langue russe possède un argot d’une extrême violence – ou encore physique et psychologique.
Une violence et un mépris qui se concrétisent par la construction d’une ville, Saint-Pétersbourg, au mépris de toute considération urbanistique – la ville est située sur un marais qui a nécessité des efforts inhumains et des milliers de morts pour son édification – par la parution de milliers de décrets impériaux pour éduquer par la force ce peuple que Pierre méprisait ainsi que la croyance que l’agrandissement de la Moscovie était une mission divine.
Impact contemporain
L’impératrice de Pierre est certes un roman historique, mais également un récit qui éclaire le présent. Car si beaucoup de royaumes à l’époque n’étaient pas des parangons de vertu, on constate que le mépris et la violence sans solidement ancré dans le mode de fonctionnement du pouvoir russe, depuis le 18ème siècle jusqu’à nos jours. Que l’on pense à la période soviétique et la mainmise sur la moitié de l’Europe, les millions de citoyens envoyés au goulag et ayant participé aux travaux d’infrastructures géants qui sont encore utilisés de nos jours, ou plus récemment la guerre d’invasion menée contre l’Ukraine, une guerre qui vise non seulement à s’emparer des ressources économiques de ce pays afin de poursuivre un système mafieux déjà en place en Russie, mais également un assaut contre la culture ukrainienne, jugée inférieure.
Violence et mépris, deux mots pour expliquer la politique russe depuis des siècles.