Titre : Le village des damnés
Auteur.ice : John Wyndham
Edition : J’ai Lu
Date de parution : 07 mai 2025
Genre du livre : Science-fiction
Publié en 1957, Les coucous de Midwich, depuis renommé Le village des damnés, fait peau neuve aux éditions J’ai Lu. L’occasion de retrouver ce classique de la SF qui a inspiré les grands noms du cinéma d’épouvante. Un récit gentiment glaçant pour cette période de chaleur estivale.
De l’avis général, il ne se passe jamais rien à Midwich. Ce hameau s’est même distingué dans l’art de passer inaperçu. Ses sols ne contiennent aucun minerai de valeur. Sa situation géographique l’a épargné des aménagements ferroviaires et routiers. En fait, les seuls événements qui semblent avoir perturbé la longue et calme histoire de Midwich sont la construction d’un château Tudor, une épidémie de fièvre aphteuse et le meurtre d’un bandit par la douce Polly Parker.
Mais quand, un soir, tous les habitants perdent connaissance de concert, la paix qui régnait sur la bourgade soudain la déserte. Pourtant, dès le lendemain, les habitants reprennent leur vie là où ils l’avaient laissée. Au début, les seules conséquences néfastes de cet endormissement général se classent parmi les accidents automobiles. Mais très vite, les femmes du village en âge de procréer se retrouvent enceintes. Et pour certaines, par l’opération du Saint Esprit.
Ce sont donc soixante-deux enfants qui naissent le même jour, posant un problème logistique évident aux maternités de la région. Mais plus étrange encore, leur inexplicable ressemblance. Ceux qu’on appellera bientôt les Enfants, avec un « e » majuscule censé les distinguer des autres gamins, partagent les mêmes traits physiques, dont un regard couleur d’or. Les Enfants apprennent vite. Plus vite que la moyenne. Et l’indépendance dont ils font preuve à l’égard de leurs parents intrigue. En fait, ils sont une énigme vivante pour les forces armées qui non seulement envoient des équipes pour les étudier, mais qui en plus traitent le problème avec un maximum de discrétion.
Cette histoire publiée pour la première fois dans les années 50 vous est peut-être familière. Non, vous ne l’avez pas déjà lu. Mais vous l’avez sûrement déjà vue. Portée à l’écran par deux maîtres de l’épouvante, Wolf Rilla d’abord et John Carpenter plus tard, ces enfants diaboliques ont fait trembler deux générations de spectateurs en quête de sueurs froides.
Les raisons qui expliquent sa réédition peuvent être multiples. D’abord, sûrement, pour redonner vie à ce classique de la science-fiction, dont l’écriture rappelle l’efficacité des paperbacks américains et qui a vu son auteur couronné d’éloges par Stephen King lui-même. Ensuite parce que, dans une période d’incertitudes géopolitiques, cette œuvre qui s’ancre dans le contexte de la guerre froide fait allusion à l’acharnement impérialiste qui fait courir l’homme à sa perte.
Le village des damnés, tout fondamental qu’il est pour le genre, a su rester humble. John Wyndham s’emporte dans une langue solide – pleine de l’usage du subjonctif encore courant à l’époque – mais sans prétention. À la manière d’un Ray Bradbury, l’auteur ne fanfaronne pas. Il ne se perd pas dans des informations superflues. Mais il aborde son sujet avec un sens de l’humour bien particulier qui le pousse même dans un monologue satirique sur le caractère parasitaire du coucou.