« La Fin », portrait d’un artiste

Titre : La Fin
Auteur : Attila Bartis
Editions : Actes Sud
Date de parution : 2 février 2022
Genre : Roman

Salué comme l’un des grands romans hongrois de la décennie écoulée, La Fin signe le grand retour d’Attila Bartis, déjà connu pour La Tranquillité et Promenade parus aux éditions Actes Sud. Roman d’apprentissage, cette saga familiale ne dévoile sa pleine puissance qu’en tournant la dernière page, comme si on devait reculer de quelques pas pour entrevoir la totalité de l’image formée par les centaines de vignettes que compose ce livre.

András Szabad a grandi dans une petite ville de Transylvanie, entouré de l’amour de sa mère, bibliothécaire. En 1956, son père est arrêté pour activités anticommunistes. Lorsque celui-ci rentre chez lui après trois ans, complètement brisé, la mère d’András meurt, et cette disparition marque pour ce dernier la fin de l’enfance. András déménage à Budapest avec son père et y découvre la photographie. Son appareil devient comme un prolongement de lui-même, l’organe au travers duquel il voit le monde, le tient à distance et en capture les images.

Cette distance, ce manque de proximité est d’ailleurs ce qui frappe le plus à la lecture de ce roman, une froideur qui caractérise les rapports entre András et son père mais également toute sa famille. On a dès lors parfois l’impression d’assister à un dialogue entre étrangers tant la froideur et le formalisme sont de mise. Néanmoins, le propos du livre est intéressant et malgré la difficulté d’entrer dans l’histoire, on suit avec intérêt le parcours de ce jeune homme qui semble à certains moments observer la vie plutôt que d’y participer. De plus, même si ce n’est pas le sujet principal du récit, les références aux événements de 1956 et à ses conséquences sur la société hongroise donnent un contexte utile à la compréhension des rapports entre les différents protagonistes, même si le public hongrois pourra en saisir d’avantage toutes les nuances.

En nous immergeant dans la vie d’un artiste qui cherche sa voie, Attila Bartis nous parle au final de nous-même, de ce combat quotidien pour s’accomplir pleinement. Un livre qui, malgré une structure qui peut repousser au départ, se laisse lire assez facilement.