
Joika
Réalisateur : James Napier Robertson
Genre : Drame, Biographie
Acteurs et actrices : Talia Ryder, Diane Kruger, Oleg Ivenko
Nationalité : USA, Nouvelle-Zélande
Date de sortie : 30 avril 2025
Joika est une plongée frontale dans un monde où la grâce se construit dans la douleur.
Réalisé par James Napier Robertson, ce drame biographique retrace le parcours de Joy Womack, l’une des rares danseuses occidentales à avoir intégré et été diplômée du Bolchoï, prestigieuse académie de ballet de Moscou. À seulement 15 ans, Joy quitte le cocon familial au Texas pour poursuivre un rêve précis : devenir danseuse étoile dans l’une des compagnies les plus exigeantes du monde. Mais à Moscou, elle va découvrir un monde fermé, hiérarchisé, brutal, un univers autoritaire, où les jeunes danseuses sont dressées les unes contre les autres. La compétition y est féroce, la cruauté omniprésente. Au cœur de ce système, la redoutable professeure Tatiyana Volkova incarne, à elle seule, une discipline sans limite.
Joika frappe par la justesse de son regard. Le film dépeint le portrait d’un monde où la cruauté est souvent une règle implicite, où les tricheries sont tolérées si elles servent l’ambition et où la jalousie devient une force motrice. Joy, déterminée et stratégique, ira jusqu’à épouser un ami russe pour obtenir la nationalité et ainsi pouvoir concourir pour le rôle principal, où les étrangers sont loin d’être favorisés. Une décision radicale qui dit tout de l’engrenage dont elle est victime et par-dessus tout, de la solitude.
Le film est clairvoyant sur la violence sourde d’un milieu où la moindre faiblesse peut coûter cher. Joy s’aliène de ceux qu’elle aime et d’elle-même. Au-delà de la danse, il traite des limites de l’endurance, des dérives d’un perfectionnisme sans pitié et de l’importance de repères affectifs solides. Il est un discours poignant sur le prix de l’ambition.
Plus qu’un récit de dépassement de soi, Joika est une fresque tendue, souvent anxiogène, sur les sacrifices qu’exige l’excellence dans sa version la plus brutale. Malgré la gravité des propos abordés, le film se ressent comme un souffle d’espoir au milieu d’un rude hiver russe.
Joika plaira autant aux passionnés de danse qu’à ceux qui aiment les récits bruts et sans concession.