Davy Courteaux : « Je veux vulgariser l’entrepreneuriat »

Enseignant de formation, animateur radio, commercial et ancien chef d’entreprise, Davy Courteaux est un touche-à-tout. Après une expérience peu fructueuse dans le monde de l’entrepreneuriat, le jeune bruxellois a choisi la scène pour rebondir et raconter son expérience de manière humoristique et originale. Dans son spectacle intitulé « Je lance ma boîte », Davy Courteaux va tenter de faire passer son savoir, sa bonne humeur et son talent.

Rencontre avec celui qui tente de bouleverser les codes du one-man-show.

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Davy Courteaux, votre spectacle, intitulé « Je lance ma boîte », explore avec humour et légèreté l’univers de l’entrepreneuriat, un pas que vous avez vous-même franchi il y a quelques années…

Tout à fait. Après avoir lancé ma boîte, je me suis retrouvé un jour sans rien et sans argent. Du jour au lendemain, j’étais fiché à la Banque Nationale et je me suis demandé ce que je pouvais faire de ma vie. Je suis enseignant de formation, mais je ne voulais pas retourner dans l’enseignement. C’est alors que m’est venue l’idée de capitaliser sur mon « histoire de merde ». Trois questions se sont alors posées face à moi : qu’est-ce qui me passionne ? Dans quel domaine suis-je vraiment bon ? Et qu’est-ce qui pose problème aux gens aujourd’hui ? J’en suis donc arrivé à vouloir parler de l’entrepreneuriat sur scène à des gens qui n’en comprennent pas toutes les ficelles.

Je pense que dans le monde de l’entrepreneuriat, il y a trop de fils à papa. On a l’impression qu’il faut avoir fait Solvay pour entreprendre. Cela me rend fou, car c’est complètement faux. Via le spectacle, je veux rendre l’entrepreneuriat accessible à la classe moyenne et aux milieux plus populaires, le vulgariser en racontant mes expériences.

Pensez-vous qu’il y existe une barrière dans ce monde-là ?

Oui. Par exemple, mon frère voulait ouvrir un garage. Je lui ai donc renseigné un séminaire créé spécialement pour les jeunes souhaitant lancer leur affaire. Il y est allé et, après deux minutes, il jouait sur son gsm parce que le discours a très vite dévié vers un jargon propre à ce milieu.

La conférence évoque trop de choses négatives dans la tête des gens. Je me suis donc dit qu’un spectacle permettait de partager du contenu à travers le divertissement.

Finalement, l’ironie du sort fait que les partenaires de votre spectacle sont des banques et des secrétariats sociaux…

Comme je voulais parler aux gens qui sont intéressés par l’entrepreneuriat mais qui n’osent pas se lancer, je me suis demandé quels étaient les annonceurs potentiellement intéressés par ce public-cible. Les banques et les secrétariat sociaux me paraissaient dès lors des interlocuteurs privilégiés. Je suis donc parti chez eux avec un pdf de six pages qui ne contenait aucune ligne de mon spectacle, seulement une explication.

J’ai été chez Securex qui a mis plusieurs mois à se décider, puis Hello Bank qui a réagi très vite après que Securex ait accepté. Puis, NRJ m’a suivi directement, comme dans mes autres projets, ce qui est une très grande chance. Enfin, j’ai eu le soutien de la Région Bruxelloise et j’espère obtenir prochainement celui de la Région Wallonne.

Vous avez défini votre spectacle comme une « showférence ». Qu’est-ce que c’est et comment cela se déroule-t-il ?

Je m’inspire beaucoup des late show américains. C’est très intéressant, car c’est un melting pot de tout ce qui peut divertir : de la danse, de la critique, du chant, de la poésie, des invités,… Mon spectacle, ce sera ça ! Ce sera un one-man show où on alternera différentes séquences fortes. De plus, il faudra que les gens en retirent du divertissement mais aussi des conseils.

Comment avez-vous créé le contenu pédagogique de votre spectacle ?

Il y a un fil conducteur, ce sont les cinq besoins de l’entrepreneur. Quels sont-ils ? Premièrement, avoir de l’énergie. Deuxièmement, avoir un projet ou une idée. Quand tu as ces deux choses, il te faut une équipe, c’est-à-dire un associé, un mentor, un parrain, tes parents, ta compagne… Bref, des gens qui vont t’aider et te soutenir. Après, il faut un minimum d’argent et de la visibilité. Ces cinq points, tout le monde peut les avoir.

Si on résume l’entrepreneuriat à ces cinq points, on fait déjà sauter des centaines de barrières. Aujourd’hui, le gros problème, c’est qu’on intellectualise beaucoup l’entrepreneuriat. On donne le sentiment qu’il faut connaître énormément de choses pour se lancer, comme des théorèmes, des lois, des calculs, etc. Dans le spectacle, rien de tout cela. On va parler par exemple de toutes les étapes qui précèdent le passage devant le notaire ou de la recherche de l’idée, en faisant des parallèles avec la vie de tous les jours.

Etiez-vous seul à l’écriture de ce spectacle ?

Non, je me suis entouré de gens du milieu. Il fallait que je sois crédible en tant qu’artiste. Je me suis donc entouré – entre autres – de James Deano qui a co-écrit mon spectacle et de Hugues Hamelynck qui est double champion du monde d’improvisation.

Appréhendez-vous la réception du public ?

Oui et non, car j’ai tout de même l’expérience du public, que ce soit à la radio ou face à une assistance. Maintenant, je dois éviter à tout prix d’être chiant pour le public, car il vient avant tout voir un spectacle, un one man show, et non une conférence. Mais pour le reste, je sais que je peux me nourrir des regards et des sourires des gens.

Est-ce que votre spectacle est transposable, en France par exemple ?

Oui, clairement. J’ai d’ailleurs pour objectif de me produire en France. Là-bas, l’entrepreneuriat est à un stade bien plus avancé qu’en Belgique. Il existe des salons dédiés et des incubateurs un peu partout. Ils ont compris que l’innovation viendra de là, via les startups et autres.

Par contre, j’ai dans l’idée de rédiger un livre pour aider les gens à se lancer, mais il sera plus axé sur la Belgique.

C’est-à-dire ?

Par exemple, je parlerai du micro-crédit qui existe en Belgique et que trop peu de personnes utilisent. Pour l’obtenir, il ne faut pas spécialement de business plan et les sommes octroyées peuvent aller jusqu’à 15.000 €. Bien entendu, j’irai dans le concret et non dans un développement de 500 pages sur le même point.

Davy Courteaux présentera « Je lance ma boîte » le 27/10 au Poche à Charleroi, le 4/11 au Blocry à Louvain-La-Neuve, le 8/11 au Théâtre de Namur, le 17/11 au Trocadero de Liège et le 22/11 au Marni à Bruxelles. Infos et réservations en cliquant ici.

A propos Matthieu Matthys 919 Articles
Directeur de publication - responsable cinéma et littérature du Suricate Magazine.

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