« Comme nous existons », ce que nous cachons

Titre : Comme nous existons
Autrice : Kaoutar Harchi
Editions : Actes Sud
Date de parution : 18 août 2021
Genre : Récit

Chercheuse en sociologie et auteure de plusieurs ouvrages parus aux éditions Actes Sud dont L’ampleur du saccage et A l’origine notre père obscur, Kaoutar Harchi nous livre avec Comme nous existons un récit autobiographique touchant sur le cheminement intellectuel et politique d’une enfant de l’immigration postcoloniale, née dans l’est de la France en 1987.

Selon les mots de l’auteure, Comme nous existons est un récit à la fois rétrospectif et réflexif qui retrace le quotidien d’une famille vivant dans la crainte d’être défaite – par le travail, par l’argent, par la police, par l’institution scolaire, par les institutions administratives plus généralement – ainsi qu’un récit d’ensemble, collectif, qui selon le principe de vraisemblance fictionnelle, donne forme au vécu de millions d’autres familles, en France.

De ce texte se dégagent une grande éloquence, l’impression que chaque mot est à sa place, utile, ce qui rend la lecture fluide et agréable. Et si le sujet est grave, on ne décèle aucune haine dans les propos de l’auteure, hormis celle renvoyée par la société à son égard. Et de la haine, de l’incompréhension, il y en a tellement à l’égard de ces individus à qui l’on refuse dès leur plus jeune âge le droit d’être eux-mêmes, le droit d’apporter leur différence dans une société qui, malgré ses beaux discours, discrimine sur la base d’un prénom, d’un visage, ses propres enfants.

Comme nous existons est un livre qui ouvrira les yeux à de nombreux lecteurs, une œuvre salutaire pour les millions de personnes qui n’ont jamais dû se poser de questions, à chercher comment s’intégrer dans sa propre société, comment satisfaire à des critères, des règles, que personne n’énonce mais que tout le monde suit.

A une époque de repli sur soi, sur sa propre communauté, Comme nous existons fait le pari de l’intelligence et de l’empathie, et espérons-le, permettra de combler le fossé d’incompréhension qui s’est creusé au fil du temps au sein de nos sociétés.