[Avignon OFF 2022] Moi vivante à l’Isle 80

De Marie-Hélène Goudet, mise en scène de Emmanuel Besnault, avec Marie-Hélène Goudet. À l’Isle 80 à 19h05 du 7 au 30 juillet (relâches les 12, 19 et 26 juillet).

Ferdinande Mouthe collectionne depuis son enfance les rubriques nécrologiques des différents journaux. Maintenant, elle a 44 ans et elle nous explique comment elle en est arrivée là et surtout comment elle est devenue immortelle.

Nous, simples mortels, assistons donc au récit de cette femme pour qui la mort prend une place magistrale au sein de sa vie. Nous rencontrons plusieurs personnages qui ont façonné cette histoire si particulière.

Moi vivante offre plusieurs prismes pour aborder le sujet de la mort avec sourire, rire et tendresse. L’affection familiale, les remarques de ses proches, ceux qui la prennent pour une folle et la vieille voisine qui la soutient, à sa façon. On y découvre de la poésie par ses visions si particulières de certains questionnements funèbres. Comment trouver du beau dans ce que l’on redoute. L’humour, bien entendu, vient enrober toutes ces confrontations à la réalité. Il y en a pour tous les goûts. Des jeux de mots, des références culturelles, des subtilités, des expressions ou encore des originalités scéniques.

Marie-Hélène Goudet interprète avec brio plusieurs personnages qu’elle rend très habilement vivants et très différents les uns des autres. La douceur et la dureté à la fois des paroles d’une tante confrontées à la lourdeur du monde des vivants, de la « normalité ».

La scénographie est très belle, à la fois riche et très simpliste. Elle expose une magnifique collection de photographies et de rubriques nécrologiques. Le tout agrémenté de ses nombreux verres de vin rouge qui la font survivre, avec les saucisses sèches. Et ce papier peint ! Splendide !

Nous démarrons la pièce avec le sourire, le rire d’aisance, nous sommes terriblement bien accueillis par cette Ferdinande. Elle nous prend la main et nous amène dans toutes ses réflexions, ses expériences, ses anecdotes de vie. Emportés par ses propos, on finit par la croire. Et les émotions qui ont déjà bien voyagé depuis le début du récit finissent par exploser en une vague passionnée. Les poils se dressent sur nos bras, la larme tremble au coin de l’œil et nos yeux brillent de remerciement. On a rêvé, le temps d’une vie.

A propos Christophe Mitrugno 62 Articles
Journaliste du Suricate Magazine