Into the Woods de Rob Marshall

into the woods affiche

Into the Woods

de Rob Marshall

Fantastique, Comédie musicale

Avec Meryl Streep, James Corden, Emily Blunt, Anna Kendrick, Chris Pine

Sorti le 21 janvier 2015

Promenons-nous dans les bois (Into the Woods) de Rob Marshall, une comédie musicale (un peu trop) flamboyante.

Promenons-nous dans Chicago. Adapté de la comédie musicale à succès Into the Woods de Stephen Sondheim (Gipsy, Sweeny Todd, Le Forum en folie…), Promenons-nous dans les bois est un chassé-croisé de grands classiques du conte pour enfants (Cendrillon, Le petit chaperon rouge, Raiponce…) réalisé par un spécialiste du genre : Rob Marshall (Chicago, Nine). Du tout cuit pour Disney ? Pas si sûr ! Clairement destiné à un public anglo-saxon éduqué et habitué aux comédies musicales, le film de Rob Marshall devra jouer des coudes pour se frayer un public en Belgique.

Le conte est bon. Un boulanger est sous le coup d’une malédiction héritée de son père qui lui empêche d’avoir un enfant avec sa femme. Afin de lever cette malédiction, la sorcière (Meryl Streep) à l’origine du sort demande au couple de lui apporter un vache blanche comme le lait, un soulier d’or, une cape rouge comme le sang, et des cheveux blonds. Cette quête va amener le couple à croiser Jack (et le Haricot magique), Cendrillon (Anna Kendrick), le petit chaperon rouge et Raiponce dans ce bois, féerique mais tout aussi inquiétant.

Quand la musique est bonne. Le point fort du film est évidemment la musique de Stephen Sondheim qui en une chanson (de 14 minutes), nous permet d’identifier rapidement les différents personnages et de mettre en place les différentes intrigues du film sans être pour autant envahissante. On est donc loin d’une comédie musicale où la moindre parole est chantée (ex : Les Misérables de Tom Hooper), ce qui est un moindre mal. Pourtant, passé l’engouement des premières notes, le film ne prend pas, l’histoire suit son cours, on essaye tant bien que mal de rester attentif aux intrigues sans vraiment trop y croire, mais la réalisation flamboyante de Rob Marshall ne parvient pas à cacher l’évidence : l’intérêt de cette comédie musicale réside dans son second degré.

Il était une Freud. Into the Woods de Stephen Sondheim offre, au-delà du simple medley de contes pour enfants, une relecture des frères Grimm et de Charles Perrault à travers le prisme de la psychanalyse. La forêt, selon Freud, est censée représenter nos instincts les plus primaires hérités de notre époque sauvage (en quelque sorte) et les contes sont une manière de préparer l’enfant aux sentiments de frustration et de désir. Mais la forêt dépeinte par Rob Marshall n’a rien d’angoissant, rien d’inquiétant, au contraire, elle est flamboyante. L’excès d’effets spéciaux, de paillettes et de couleurs, noient complètement la thématique du film et en fait un simple film de Disney qu’on croyait révolu. Car il faut l’avouer, Disney en a fait du chemin depuis les dessins animés qui ont bercé notre enfance, la morale change (La reine des neiges), l’humour est moins potache, et surtout plus accessible aux adultes. Or, avec Promenons-nous dans les bois, Rob Marshall se contente d’un premier degré sans intérêt qui endort le spectateur, que les acteurs ont du mal à réveiller.

Je danse le Mamma Mia. En faisant le choix de respecter l’univers Broadway de la comédie musicale, Rob Marshall enferme ses comédiens dans un jeu trop codifié et maniéré qu’ils en oublient de donner de la consistance à leurs personnages. Meryl Streep s’obstine à articuler ses mots de manière excessive, Johnny Depp roule des yeux à tout bout de champ, et Anna Hendrick se fond littéralement dans le décor (mais est-ce une surprise?). Le niveau est tel qu’on sort en se disant qu’au final Chris Pine ne joue peut-être pas si mal.

Au final, Promenons-nous dans les bois déçoit surtout car il ne correspond plus à ce que l’on attend d’un film de chez Disney aujourd’hui. Alors que Disney a su se renouveler en jouant sur l’auto-dérision, les différents niveaux de lecture pour satisfaire autant les enfants que les parents etc. Il manque peut-être au film ce qui ne manque d’habitude pas dans les films de Rob Marshall : du sexe.

A propos Nathanael Sakai 13 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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