Watertown trouble

watertown

scénario & dessin : Götting
édition : Casterman
sortie : 16 janvier 2016
genre : roman graphique

En ce mois de janvier 2016, Jean-Claude Göting fait son retour sur le devant de la scène pour démarrer l’année du bon pied grâce à une nouvelle bande dessinée : Watertown. Qui ça, dites-vous ? C’est vrai que Götting est un nom qui n’évoque pas encore grand-chose au commun des mortels, pourtant cet auteur a déjà éclaboussé nos yeux de ses dessins à maintes reprises, car il n’est autre que l’illustrateur des 7 couvertures de l’incontournable saga Harry Potter !

Dans Watertown, il n’est pas question de baguettes magiques et autres artefacts farfelus. Dès les premières lignes, sinon dès la couverture, le lecteur comprend qu’il a affaire à une histoire sombre et austère, aux relents presque lynchéens (sans vouloir pousser le bouchon trop loin…) Le protagoniste du récit, Philip Whiting, nom banal qui sied parfaitement à ce personnage sans histoire, est un employé subalterne au penchant dépressif qui vit sa vie sans saveur depuis toujours, semble-t-il.

Voilà qu’un beau jour sa monotonie quotidienne est brisée suite à la disparition de Maggie Laeger : « Je passais comme à mon habitude dans la pâtisserie de Monsieur Clarke pour y acheter un muffin que je mangerais sur le chemin du bureau. Lorsqu’en payant, je lançais : A demain, Maggie, elle répondit : Non… demain, je ne serai plus là. » Le lendemain, on retrouva le corps de Monsieur Clarke sans vie, écrasé sous le poids d’une étagère.

Deux ans plus tard, John Parker rencontre à nouveau Maggie Laeger, dans une autre ville, et même dans une autre vie. Bien qu’il l’ait parfaitement reconnue, celle-ci nie être la pâtissière qu’il connut quelques années auparavant. À partir de ce moment, Philip ne peut plus s’empêcher de penser au mystère qui entoure l’histoire de cette femme. Aussi s’improvise-t-il détective privé et entreprend de remuer le voile mystérieux qui enrobe le passé de cette femme étrange.

La majorité du propos est tenu par la voix off du protagoniste, Philip Whiting, celui-ci relatant ainsi sa propre histoire. Les dialogues en retraits profitent à l’élaboration d’une ambiance enrobée de silence, propice au mystère. Ce mode de narration permet également d’insister sur la grande solitude du héros. N’eut été le dessin pâle et doux, presque aussi trouble que l’intrigue, le récit eut aisément pu basculer dans une atmosphère dérangeante et oppressante, digne de certaines pistes qui valurent aux héros de Carpenter les pires ennuis du monde.

Sauf que ce n’était vraisemblablement pas l’effet recherché par Jean-Claude Götting, qui préfère nous proposer une enquête aux angles arrondis, dans un style sobre, cantonné à un réalisme à toute épreuve. Plutôt que les effusions de sang, c’est l’introspection qui prime. À force d’enquêter, Philip Whiting en apprend peut-être davantage sur lui même que sur le passé de Maggie la pâtissière. En fin de compte, cette quête externe autant qu’interne permettra-t-elle à notre personnage d’offrir à sa taciturne existence un sens nouveau ?

 

 

A propos Ivan Sculier 67 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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