Vader du collectif Peeping Tom au KVS

© Christophe Coënon
mise en scène
Franck Chartier
aide à la mise en scène & dramaturgie Gabriela Carrizo
de & avec Leo De Beul, Marie Gyselbrecht/Tamara Gvozdenovic, Hun-Mok Jung, Simon Versnel, Maria Carolina Vieira, Yi-Chun Liu & Brandon Lagaert avec le soutien de Eurudike De Beul

Vader est le dernier spectacle monté par le collectif de danse désormais bien connu : Peeping Tom. Le rideau se lève sur un décor plutôt froid, impersonnel même. Il s’agit de la salle des pas perdus d’une maison de retraite. Difficile d’imaginer un spectacle de danse dans une maison de retraite, n’est-ce pas ? Et pourtant ! Tout cela fera rapidement sens. En effet, Vader raconte l’histoire d’un vieil homme abandonné par son fils dans ce lieu honni de tous : la maison de retraite, véritable mouroir à vieillards devenus trop encombrants pour leur descendance…

Malgré ce synopsis un peu cafard, il ne faut pas attendre cinq minutes pour que les premières touches d’humour pointent le bout de leur nez. D’emblée, le spectacle prend une tournure délirante, absurde, surréaliste. La cruauté du sujet s’épanouit à travers un humour subtilement décalé, proche de celui des mimes. La musique et l’énergie des danses successives entrainent le spectateur dans une sorte de folie fiévreuse, sautant d’une ambiance à l’autre comme du coq à l’âne. Et quel contraste étonnant, tandis que l’on admire les gestes élastiques, presque contorsionnistes des danseurs, de voir également de vieux grabataires peiner à mettre un pied devant l’autre, juste à côté d’eux.

Un spectacle de danse qui raconte une histoire, voilà qui n’est pas si commun ! Heureusement pour les amateurs de danse un peu puristes, dès l’entame, il ne fait aucun doute que c’est la dimension chorégraphique qui se taille la part du lion, mais sans que cela ne se fasse au détriment de la narration. C’est là tout le brio que le collectif a su mettre en place ! Les acteurs/danseurs illustrent le récit, plutôt qu’ils ne le racontent, à coup de chorégraphies déjantées.

Les mots sont rares, presque inutiles et… pas toujours subtils. Heureusement ce bémol restera secondaire, car les mouvements des danseurs, à la fois harmonieux et disgracieux, suffisent amplement à porter le récit avec une vigueur et une éloquence absolument géniales. Ne fût-ce que l’attitude de ce pauvre vieillard délaissé par son fils reflètent ses émotions mieux que ne le feraient un long bavardage. Ses mimiques et ses gestes désolés suffisent à exprimer toute sa détresse face à l’abandon.

La bonne nouvelle, c’est que Vader n’est pas un one-shot ! En effet, après ce premier volet centré sur la figure du père, deux autres viendront compléter la future trilogie, et finalement créer un ensemble Père-Mère-Fils. En somme, il nous tarde de découvrir la suite !

A propos Ivan Sculier 67 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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