Un village presque parfait de Stéphane Meunier

un village presque parfait affiche

Un village presque parfait

de Stéphane Meunier

Comédie

Avec Didier Bourdon, Lorànt Deutsch, Lionnel Astier, Denis Podalydès, Elie Semoun

Sorti le 11 février 2015

Si l’on voulait dresser un état des lieux de la comédie française, pour savoir où elle en est, quelles sont les problématiques qui la travaillent, quels en sont les meilleurs et les pires représentants…, Un village presque parfait serait justement l’exemple « parfait » de ce qui se fait de plus archaïque en termes d’esthétique et de thématiques. Ce remake d’un film canadien – ce qui est en soi la preuve d’un manque flagrant d’inspiration – est en effet incroyablement démodé, à tous les niveaux, au point d’apparaître presque comme un ovni dans une catégorie de films qui semble, actuellement, plutôt en quête d’originalité et de sujets de société (Papa ou maman, Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu ?, Samba, etc.).

Déserté et appauvri depuis qu’une usine a pollué son environnement avant de faire faillite, un petit village d’une centaine d’habitants tente de refaire peau neuve et de créer de l’emploi avec un projet d’entreprise bio. Mais pour recevoir l’accord de Bruxelles sur cette belle initiative, Saint-Loin-La-Mauderne doit d’abord se trouver un médecin, prêt à s’installer pour cinq ans dans ce trou perdu sympathique mais arriéré. Lorsqu’ils parviennent à en serrer un, à l’essai pour un mois, les villageois, menés par leur maire, entreprennent une grande campagne de séduction afin de faire croire au jeune docteur qu’il a trouvé en Saint-Loin un petit coin de paradis.

On l’a bien compris, cette intrigue de départ est surtout le prétexte à accumuler toute une série de quiproquos et de scènes « cocasses » dans lesquelles les villageois bourrus tentent de se faire passer pour ce qu’ils ne sont pas, tandis que le médecin bobo de Paris se désole du manque de modernité et de bon goût en province, avant bien entendu d’inverser la situation et de faire l’éloge du pittoresque campagnard en opposition à la superficialité citadine. La plus « grande » idée scénaristique étant de faire du médecin un amateur de cricket, ce qui oblige les provinciaux fans de rugby (forcément !) à s’intéresser à un sport jugé trop complexe pour eux. Tous ces clichés surannés transpirent le mépris et la simplification à tous les niveaux. Il faut voir comment les « paysans », que le film met en avant pour mieux s’en moquer, s’étonnent que l’un d’eux sache se servir d’internet !

Il y a, dans Un village presque parfait, la résurgence d’un certain cinéma d’antan, régional et nationaliste, mettant en avant les bonnes vieilles valeurs de la France d’autrefois et gommant presque systématiquement toute allusion à une quelconque modernité. Le succès de Bienvenue chez les Ch’tis a visiblement – et inévitablement – donné des idées à quelques producteurs roublards. On ne peut en effet s’empêcher d’y penser à la vision de ce film poussif, tant il tente d’en recréer le ton et l’humour bon enfant. Mais il ne faut pas non plus oublier que le film de Dany Boon a déjà sept ans et que toutes les bonnes – ou les moins bonnes – choses ont une fin.

Enfin, côté casting, on ne peut pas vraiment dire que celui-ci rattrape les meubles, tant il semble se débattre avec le maigre scénario et les dialogues approximatifs qui lui sont livrés. La présence de son vieil ami Djamel Bensalah à la production permet à Lorànt Deutsch de revenir pointer le bout de son nez sur la scène cinématographique, lui que l’on croyait désormais cantonné au théâtre et à la télévision. Malheureusement, ce film ne fait que mettre en lumière à quel point il est un mauvais acteur de cinéma, sans doute trop habitué au jeu démonstratif de pièces boulevardières. Le reste de la distribution ne relève pas le niveau. Si l’on peut qualifier la prestation de Didier Bourdon de « correcte » en maire de village bourru et légèrement alcoolique, celles des seconds couteaux Lionnel Astier et Elie Semoun ne font que renforcer l’impression qu’Un village presque parfait est un film de second choix, avec des acteurs de second choix.