Un mardi sur deux aux Riches Claires

Ecriture et mise en scène : Christian Dalimier avec Laetitia Réva et Nicole Valberg

Du 13 au 29 octobre 2016 au Théâtre des Riches Claires

Un mardi sur deux raconte l’histoire d’un rendez-vous, d’une rencontre humaine partant d’un beau sentiment mais qui se loupe malencontreusement.

Il y a d’abord Madeleine, cette dame d’âge mûr. Elle nous explique sa situation dans cet hôtel, avec une vue sur jardin. En principe, elle devrait s’en réjouir et en être heureuse. Ce n’est pas le cas.

Ensuite, il y a cette jeune femme : Evelyne. Charmante peut-être mais qui n’écoute pas quand on lui parle. Elle nous témoigne sa rencontre avec cette vieille dame à qui elle rend visite un mardi sur deux.

Parallèlement au vécu présent de Madeleine, Evelyne raconte quelques bribes de son histoire passée, de cet homme qui a fait le choix de l’aimer mais également de la « dé-s’aimer ». Elle se lamente légèrement et nous comprenons que ce mardi sur deux lui offre des vacances à son cœur meurtri, un repos à sa tête remplie de ces pensées pleines d’angoisse d’abandon.

Nous nous détournons alors assez rapidement de l’histoire de cœur d’Evelyne et nous nous attardons sur l’histoire de Madeleine, davantage touchante, du moins autrement touchante. Madeleine fait également face à plusieurs deuils. Ceux-ci sont liés à l’avancement dans l’âge : la perte de son conjoint, la perte de son domicile, la perte de sa cuisine avec sa hotte, la perte de son chien… Des choses qui nous tiennent à cœur, auxquelles on s’habitue doucement et auxquelles nous sommes choqués tant la perte est brusque et irrémédiable.

Passé le choc, les choses nous échappent, on s’y rattache, on se souvient que ça avait de l’importance, et puis on oublie. Mais de quoi s’agissait-il? D’un chien? D’une hotte? D’un fils ou encore d’une carte postale? On ne s’en souvient plus, mais nous nous rappelons que c’était important. La mémoire émotionnelle est la mémoire qui perdure le plus longtemps. C’est pourquoi le langage émotionnel, la recherche de vérité subjective semble plus fructueuse et précieuse que la recherche de la vérité objective et dite « absolue ».

Au fil de la pièce, nous observons Evelyne évoluer dans son accompagnement. Passant d’un monologue à un dialogue, elle accède peu à peu au monde de Madeleine. Malheureusement, lorsqu’elle arrive au pont de la rencontre avec la dame âgée, elle glisse maladroitement hors du cadre. Ce mardi sur deux n’est plus. Elle semble devenir une pâle entité de l’histoire de Madeleine. Elles glissent alors à deux dans la folie, dans l’oubli.

L’histoire est intéressante et touchante, un bel essai de sensibilisation à la maladie d’Alzheimer. Une tentative de narration réussie montrant à quel point il est difficile d’accompagner ces personnes et qu’être accompagnant ne s’improvise pas. Cette pièce nous parle d’une histoire de vie, d’un récit de vie, d’une histoire de relation, d’attachement et de tout ce qui va avec : la séparation, les retrouvailles, les adieux, les souvenirs, les frustrations, la colère. La vie en somme. La vie vécue et répétée. Celle dont on se souvient puisqu’elle nous a marqué de tout son sens. Faut-il encore trouver quelqu’un qui puisse nous accompagner dans ce puzzle (in)sensé.

Un mardi sur deux, c’est finalement une rencontre parmi d’autres, un essai parmi tant d’autres à aller vers l’autre, à le comprendre, à l’accepter dans son identité, sans s’oublier.

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