Un homme comme une autre

Extrait d’une planche de la BD « Un homme comme un autre » (Quadrants, 2020)

Couverture de la BD « Un homme comme un autre » (Quadrants, 2020)

Scénario : Stéphane Betbeder
Dessin : Federico Pietrobon
Éditeur : Quadrants
Sortie : 23 septembre 2020
Genre : Roman graphique, Anticipation

Un homme comme une autre est un roman graphique marquant sur le danger que représentent les hormones synthétiques pour la santé humaine. Yann, jeune papa, voit son corps se féminiser de plus en plus, sans en comprendre ma cause. Doit-il suivre un traitement ou au contraire éviter de jouer à l’apprenti sorcier avec les médicaments ?

Le cauchemar des hormones

Les perturbateurs endocriniens, on en parle de plus en plus. Ce sont des molécules chimiques présentes dans notre environnement (produits cosmétiques, produits ménagers, peinture…) qui peuvent avoir des effets néfastes sur la santé humaine, en particulier sur l’équilibre hormonal et le système reproductif. Dans Un homme comme une autre, Stéphane Betbeder fait de son personnage principal un homme particulièrement sensible aux perturbateurs endocriniens. Alors qu’il est papa d’une petite fille, Aïda, Yann voit sa barbe disparaître et son corps de transformer, à tel point que sa vie devient un cauchemar et qu’il ne se sent plus capable d’assumer son rôle de père.

Une parentalité difficile

Comment expliquer à une enfant ce phénomène complexe et terrifiant quand on ne le comprend pas soi-même ? Face à Aïda, Yann se sent démuni. Passionné de photo et de vidéo, Betbeder construit son récit, selon ses propres mots, comme une « somme d’instantanés ». Dans la première scène, Yann se filme en train de parler à sa fille, dans l’espoir que cet enregistrement aide Aïda à comprendre la situation quand elle sera plus grande. Cette façon de structurer le récit fonctionne très bien et créé à la fois une certaine tension et de l’émotion.

Côté graphique, on sent que Federico Pietrobon a longtemps travaillé comme coloriste avant de revenir au dessin. L’usage de fréquent d’aplats de couleurs vives combiné à un trait net et épais met en avant les personnages, réduisant les rues de Paris à un simple décor de fond.

Une réflexion sur l’identité de genre

Mais ce qui marque avant tout à la lecture d’Un homme comme une autre, c’est la façon dont Yann souffre du regard des autres. Certaines scènes lors desquelles sa masculinité est mise en doute sont vraiment déroutantes. Elles forcent le lecteur à se poser la question : Qu’est-ce qui fait qu’on est un homme ou une femme ? Que faire quand les marqueurs de genre sont brouillés ? Et surtout : Est-on prêt à accepter l’idée que certaines personnes aient un genre fluide qui évolue au fil du temps ? Malgré un style presque documentaire, la bande dessinée contient une petite dose d’anticipation qui, aussi troublante soit-elle, en fait un récit original et touchant.

A propos Soraya Belghazi 368 Articles
Journaliste