« The Vigil », fantômes du passé et monstres du présent

The Vigil
de Keith Thomas
Epouvante-horreur
Avec Dave Davis, Menashe Lustig, Malky Goldman
Sorti en VOD le 1er décembre 2020

Après avoir fait parler de lui en France, The Vigil débarque en VOD sur les plateformes belges, faute d’une sortie en salles en cette fin d’année 2020 à nouveau confinée. 

D’emblée, le film semble annoncer une couleur différente de celles que nous connaissons. Plus terne à l’image, plus opaque dans sa narration, il n’est pas des plus aimables avec son spectateur qui peine quelque peu à interpréter les premiers échanges entre les personnages. Bloqué à la fois par la barrière de la langue et celle de la culture, il nous faut un peu de temps pour appréhender les protagonistes, leurs relations, et découvrir ce qui fera le cœur du film : une mythologie judaïque encore assez peu abordée dans ce genre de cinéma.

Yakov, à court d’argent comme de foi, accepte à contrecœur d’assurer la veillée funèbre d’un membre décédé. Ce rôle de « shomer », traditionnel dans la religion judaïque, l’oblige à accompagner au cours d’une nuit le défunt dans son passage vers l’au-delà. Une nuit qui se transforme doucement en cauchemar pour Yakov, lançant enfin l’intrigue horrifique de l’œuvre.

D’un entre-soi auquel nous étions étrangers, le film nous plonge soudain avec le personnage dans toute la solitude de cette maison faussement protectrice. À mesure que les démons hantant le défunt prennent vie, la tension devient palpable dans ce huis clos sombre et subtilement glauque, qui rivalise d’inventivité pour nous surprendre. Jouant sur les supports et les matériaux, le réalisateur Keith Thomas dévoile une palette intéressante de techniques horrifiques, jonglant entre le gore et le jumpscare avec brio. Visuellement, autant que musicalement, The Vigil nous agrippe et nous tient en haleine dès les premiers instants de la veillée de Yakov, aux allures un peu trop réelles de confinement. Au passage, la découverte d’une nouvelle mythologie permet également d’apporter un vent de fraîcheur au genre, en nous gratifiant d’une nouvelle démonologie alliée aux traumatismes de l’Histoire.

On peut regretter un début un peu lent, et quelques passages scénaristiques aux traits trop rapides, il n’empêche que The Vigil offre à qui sait l’attendre une belle heure d’horreur et de tension d’une qualité surprenante, qui séduira les amateurs du genre et vous vaccinera à jamais contre les nuits solitaires et les grands-mères somnambules.