
The Surfer
Réalisateur : Lorcan Finnegan
Genre : Thriller
Acteurs et actrices : Nicolas Cage, Julian McMahon, Nicholas Cassim
Nationalité : Australie, Irlande
Date de sortie : 14 mai 2025
Présenté en avant-première au BIFFF 2025, The Surfer, long-métrage australien attendu avec une curiosité non dissimulée, s’ouvre sur un tableau interpellant : une plage infinie, battue par les vagues, écrasée par la chaleur, reflet des tourments intérieurs de son protagoniste. Nicolas Cage, revêtu d’une aura quasi métaphysique, y incarne cet homme dont on ne sait pas grand chose, ni le passé, ni même le nom.
Le récit, d’apparence simple — l’acquisition d’une demeure luxueuse au bord de l’océan, là où le protagoniste a jadis dompté les flots et inscrit, dans l’écume, ses révoltes adolescentes — se double bientôt d’une allégorie sociale. Cage se heurte aux Bay Boys, secte de masculinistes hédonistes huilés jusqu’aux tempes, dirigée par le charismatique Scally (Julian McMahon). Cette confrérie, bien que caricaturale, cristallise la tension entre liberté et emprise, entre jouissance primitive et ordre imposé.
Dans ce rôle à contre-emploi, Cage ne se contente pas de jouer : il incarne. Son regard, égaré et obstiné à la fois, traduit une sincérité brute, une vulnérabilité quasi animale. On songe à un poisson rouge dans un bocal fissuré, vacillant entre la vie et l’asphyxie. Cette performance, tragiquement comique, est le cœur battant du film — elle lui confère une dimension presque shakespearienne, où l’absurde côtoie la tragédie. C’est en réalité la seule réussite de ce long-métrage.
Hélas, la mise en scène ne suit pas toujours l’ambition du propos. La bande-son, entre surf music et garage rock poussif, peine à insuffler l’énergie désirée ; les très gros plans, parfois abrupts, désorientent plus qu’ils n’enrichissent l’intimité des personnages ; la photographie, d’un jaunâtre uniforme, évoque à la fois la chaleur et l’insolation, celle du cinéphile.
Le scénario, pour sa part, effleure des thèmes puissants — la folie, la perte de repères, l’aliénation — sans jamais s’y attarder. On regrette que le film, pourtant riche de promesses, n’explore pas plus la dialectique entre cauchemar introspectif et critique sociale. Lorsque les vagues, dans leur tumulte, auraient dû déferler comme la manifestation ultime de la révolte intérieure, c’est un calme plat qui s’installe.
En résumé, ce The Surfer ne manquait pas d’audace sur le papier, mais laisse le spectateur sur le rivage, en quête d’émotion et de sens. On conseillera néanmoins au public fidèle de Nicolas Cage d’y goûter, ne serait-ce que pour contempler la désillusion majestueuse d’un comédien légendaire prenant la mesure de ses propres démons.