The Promise, une histoire d’amour en trop

The Promise

de Terry George

Drame, Historique

Avec Christian Bale, Oscar Isaac, Shohreh Aghdashloo

Sorti le 14 juin 2017

1914, le monde est à la veille d’entrer dans un conflit qui fera des millions de victimes. C’est dans ce contexte que le jeune Michael Boghosian (Oscar Isaac) décide de quitter son village pour se rendre à Istanbul et y étudier la médecine. Il laisse derrière lui une fiancée dont la dot a permis le financement de ses études. Fasciné par la vie à la capitale, il rencontre Ana (Charlotte le Bon), arménienne fiancée à un reporter américain (Christian Bale). Mais les évènements qui vont suivre vont remettre en cause le rêve de sa vie et l’entraîner dans la spirale infernale de cette période tragique de l’Histoire.

Ce n’est pas la première fois que Terry George aborde le thème du génocide. Déjà oscarisé pour Hotel Rwanda, il y décrivait le génocide africain des années 90. Dans The Promise, il remet ça en s’attaquant au génocide des Arméniens par les Ottomans entre 1915 et 1917. Récemment reconnu par divers pays, ce massacre est considéré par beaucoup comme le premier génocide du 20ème siècle.

Le sujet est tout de même délicat, car la Turquie refuse de reconnaître sa responsabilité et l’existence même de telles exactions. Il paraissait donc primordial d’aborder le sujet avec subtilité. Mais dès le début, on sait que ça ne sera pas le cas. L’intrigue commence avec une voix off décrivant de manière sirupeuse et naïve la vie d’un petit village arménien, sorte de havre de paix où vivent en bonne entente chrétiens et musulmans. On nous présente alors le personnage de Michaël, sorte de Candide, prêt à tout pour préserver ce paradis qui, on le sait déjà, est voué à disparaître.

La suite nous emmène dans un récit qui nous confirme l’insouciance et la naïveté du personnage en nous embarquant dans un triangle amoureux sans subtilité. On pourrait accepter cette romance, mais elle nous fait presque perdre de vue les enjeux tragiques d’un sujet éminemment complexe. Elle nous poursuit inlassablement durant toute l’intrigue avec des recours récurrents à un « deus ex machina » trop souvent utilisé et qui décrédibilise l’histoire. Alors que l’occasion lui est donnée à maintes reprises, l’auteur s’obstine à nous ramener inlassablement vers cette histoire sans grand intérêt au lieu de l’éluder pour mieux aborder les vrais questions.

Sans doute dans un but purement commercial et comme souvent dans les films américains, l’emploi de l’anglais avec de faux accents locaux ajoute à la lourdeur du récit. En caricaturant les différents protagonistes, avec des Allemands très très méchants, des Turcs très très racistes et un Américain très très « outré », vous obtenez un film d’un autre temps où les Arméniens, peuple faible et opprimé, font face à la violence sans scrupule d’un peuple turc barbarisé. Le récit devient alors une suite de scènes attendues jusqu’au dénouement et l’on finit par perdre toute empathie pour les personnages.

The Promise est donc un film sans grand intérêt où s’enchaînent et se mêlent les clichés avec la lourdeur insipide d’une romance de midinette et la subtilité brute et propagandiste d’un film historique américain. On aurait préféré que l’auteur s’inspire d’autres films traitant d’un thème aussi fort et autrement plus aboutis comme La Liste de Schindler de Steven Spielberg sur la solution finale ou encore le magnifique film de Roland Joffé, La Déchirure, à propos du génocide cambodgien.

A propos Bruno Pons 45 Articles
Journaliste du Suricate Magazine