Sur la piste de Yu Bin, petit budget et gros potentiel

sur la piste de yu bin poster

Sur la piste de Yu Bin

de Jean-Christophe Yu

Documentaire

Avant-Première ayant eu lieu le 5 janvier 2016

Sur la piste de Yu Bin fonctionne un peu sur un principe de poupées russes : des discours qui en cachent d’autres, l’histoire d’un homme qui raconte celle de toute une lignée et des récits qui mettent en exergue celui de toute une nation.

Dans la lignée du cinéma documentaire belge, et d’auteurs, pour ne citer qu’eux, tels qu’Eric Pauwels, Paolo Pazienza ou Tülin Özdemir, Jean Christophe Yu nous livre une oeuvre totalement personnelle pour se rattacher à l’histoire universelle et aux problématiques sociales qu’implique la rencontre de ces deux dimensions.

Sur la piste de Yu Bin raconte l’histoire de la Chine à travers les lettres d’un de ces jeunes chinois combattant « pour la dignité et le respect de son pays » adressé à son fils resté en France. Ce jeune chinois n’est autre que le grand père du réalisateur et les lettres sont celles que ce dernier rédigea pour le père de Jean Christophe Yu.

On parle d’ailleurs du film de Jean Christophe Yu mais en réalité, il s’agit plutôt de l’oeuvre des frères Yu. Maxime Yu, auteur compositeur et frère de Jean Christophe donc, offre un travail remarquable si bien que la bande son pourrait presque fonctionner en pièce sonore, indépendamment de celle visuelle. Très loin des stéréotypes musicaux chinois et des sonorités illustratrices habituelles, la Chine par le regard occidental, le résultat témoigne d’une virtuosité et d’un amour certain du sujet tant dans la forme que dans le fond.

Mais au-delà de ça, cette quête acharnée d’informations rattache Sur la piste de Yu Bin à une problématique récurrente du cinéma belge, celle de la quête d’identité. La recherche du sentiment d’appartenance à une nation, une culture ou même à une communauté est au coeur des préoccupations traditionnelles de la belgitude cinématographique habituée au schéma « Petit budget et gros potentiel » et le film de Jean Christophe et Maxime Yu est de cette lignée. Car bien sûr, il y a tout un questionnement sur l’élaboration et l’entretien de liens familiaux, mais il interroge par là même les traces de l’immigration sur trois générations.

Le savant mélange entre reconstitution sonore et images d’archives redonne dimension charnelle à tous ces portraits éteints, toutes ces histoires poussiéreuses arrachées au présent et enterrées pour longtemps. Trait de caractère familial, dans la lignée des protagonistes du récit, ces images, malgré tout, sont livrées avec pudeur et parcimonie. Sur la piste de Yu bin c’est l’histoire d’un petit-fils qui livre ses – des – instants de vérité visuels à travers une belle épopée sonore.

A propos Audrey Lenchantin 56 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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