Siddhartha, un voyage au coeur de son moi

© Alice Piemme

D’après le roman Siddhartha de Hermann Hesse, adapté et mis en scène par Christine Delmotte-Weber, avec Louise Buenafuente, Patrick Brüll, Aurélien Dony et Stéphanie Van Vyve, musique de Moune. Du 15 avril au 4 mai 2022 au Théâtre des Martyrs.

Avec l’adaptation de Siddhartha, roman phare de Hermann Hess publié en Allemagne en 1922, le Théâtre des Martyrs propose un parcours initiatique au cœur de l’Inde du 6e siècle a.C.n.

Siddhartha, un jeune homme issu d’une famille indienne aisée se lance dans une quête spirituelle avec son ami Govinda. Ensemble, ils quittent leur famille pour rejoindre les Samanas, des pèlerins ascètes qui cherchent le détachement charnel pour atteindre la paix intérieure. C’est le début d’un long chemin d’introspection, de rencontres et d’expériences qui vont peu à peu forger l’âme et nourrir le héros jusqu’à son accomplissement. L’œuvre propose une réflexion sur l’apprentissage de la sagesse par l’expérience de la vie et sans se soumettre à un maitre ou à un dieu.

Cette histoire spirituelle, ils sont quatre comédiens à la raconter. Se partageant les nombreux rôles avec fluidité, les personnages changent de voix et de corps mais gardent toute leur force. Cet exercice périlleux aurait pu perdre le spectateur, mais réalisé avec précision, il permet au contraire de maintenir l’attention du public. Le véritable atout de la pièce reste cependant la mise en scène de Christine Delmotte-Weber. Choisissant la carte de la variété, elle enrichit le plateau de jeux d’ombres chinoises et d’ombres portées, de marionnettes sous diverses formes (des créations de qualité imaginées par Anaëlle Impe) et de théâtre d’objets. Chaque technique, maîtrisée au cordeau par les comédiens, apporte de la fraicheur au texte. Autre source de fraicheur, le bassin encastré sur la scène est loin d’être une simple pièce de décor. Traversé, longé, utilisé pour s’y désaltérer, s’y noyer ou renaître, le point d’eau est exploité sous toutes ses formes et s’intègre habillement à la mise en scène. De même, le choix d’une forte présence musicale immerge le spectateur dans une ambiance propice au thème. En un mot comme en mille, l’adaptation de ce roman a été longuement réfléchie et n’a rien de classique.

Les amateurs du genre trouveront sans doute leur bonheur dans cette adaptation, les autres seront dans tous les cas satisfaits par la qualité de la mise en scène et de la prestation des comédiens.