Titre : Season of Fear
Auteur.ice : Emily Cooper
Edition : Casterman
Date de parution : 17 septembre 2025
Genre du livre : Roman, fantasy
Avec Season of Fear, Emily Cooper convoque l’horreur et l’effroi pour nous offrir un conte sombre et onirique sur la peur — et ceux qui s’en repaissent.
Tout commence dans un village reculé, bordé par une forêt maudite : la Hexenwald. Une terre d’ombres qui, à intervalles réguliers, rejette des hordes de créatures monstrueuses venues dévorer ses habitants. Pour se défendre, les villageois n’ont qu’un seul recours : prier le Saint-Effroi, une entité hideuse et protectrice, qui exige en échange d’être nourrie… de terreur.
Cette offrande est le tribut des femmes. Les hommes ayant décrété que la peur était un attribut féminin. À chaque menace surgie des bois, les femmes se rassemblent et hurlent leur peur vers le Saint, qui, repu de leurs cris, détruit les assaillants.
Mais Ilse, elle, ne ressent pas la peur. C’est son fardeau, son handicap, sa plus grande inquiétude. Car si elle échoue à offrir sa peur lors du rite, elle sera exilée et condamnée à errer dans la forêt maudite. Et malgré tous ses efforts, le jour venu, le Saint la rejette. Il voit en elle l’absence de ce qu’il désire. Il la menace alors : elle a un mois pour éprouver la peur, sinon sa sœur Théa mourra.
Face à cet ultimatum, Ilse n’a plus qu’une solution : pénétrer la Hexenwald, espérant que ses griffes, ses hurlements, ses visions cauchemardesques lui arracheront enfin cette peur salvatrice.
Univers onirique
Season of Fear est un roman presque palpable. Un voyage dans un univers hanté, cauchemardesque, où la menace plane sans relâche sur un village isolé. Emily Cooper convoque toutes les figures de l’effroi : sorcières, monstres, bois maudits, entités affamées. L’aspect visuel et sensoriel du récit est sa grande force. Une frontière ténue se tisse entre réalité et cauchemar, accentuée par des accents mélancoliques et gothiques qui imprègnent chaque paragraphe.
L’écriture est ciselée, poétique, imagée, dense et maîtrisée. L’univers, quant à lui, est un savant mélange de mythologie, de symbolique féminine et d’un bestiaire ingénieux. Le Saint-Effroi, avec sa silhouette d’os et son corps composé de carcasses animales, convoque l’image d’un Frankenstein maléfique. Les sorcières cruelles dans leur maisonnée au cœur des bois se repaissent des vivants. Les créatures infernales et les spectres tourmentent le village… tout semble sorti d’un conte des Frères Grimm.
La forêt, la Hexenwald, pleure, hurle, lacère. Elle possède ses propres saisons — de putréfaction, de silence, de rage. Dans cet espace, l’espoir est rare, mais certains personnages l’incarnent, le convoquent presque. Reste à savoir si leur lumière survivra à l’obscurité.
Féministe et viscérale
La figure de la femme sacrifiée, tourmentée, tiraillée, rappelle sans détour le carcan patriarcal. Dans ce monde, ce sont les femmes qui portent le poids de la survie, de la peur, du sacrifice. Ce sont elles qui doivent souffrir pour que l’unité persiste. Mais ce sont aussi elles qui combattent, qui résistent, qui refusent de plier — même au cœur de l’effroi.
Car le propos du livre est bien là : dans ces parcours de femmes, dans ces figures multiples du sacrifice. Il est surtout question d’amour — et de ce que l’on est capable de faire pour l’amour des siens.
Season of Fear est un roman parfait pour la saison. Il s’adresse à celles et ceux qui aiment frissonner, se perdre dans des lieux hantés, et sentir la peur s’insinuer lentement, jusqu’au plus profond des os. A ceux qui n’ont pas peur. A celles qui en ont le courage.
