Rouge comme la neige de Christian de Metter

rouge comme la neige couverture

auteur: Christian de Metter
éditions : Casterman
sortie : avril 2014
genre : Western

1896, Colorado.  La veuve Mackinley et son fils vivent tant bien que mal dans une petite ferme perdue dans les plaines. A la perte du mari, tué pendant la bataille de Wounded Knee, s’ajoute la disparition mystérieuse de leur fille Abby. C’est six ans après cet événement tragique et non élucidé qu’un cavalier rapporte l’annonce d’un procès en ville qui attise autant l’espoir qu’il rouvre les blessures du passé. Buck Macfly, accusé de kidnapping, aurait des informations sur l’enlèvement d’Abby et saurait même où elle se trouve. Prête à tout, Mackinley embarque Macfly dans une cavale dont personne ne connait l’issue…

Si c’est loin des canons hollywoodiens du genre que ce western dur et froid navigue, il en respecte tout de même quelques grands principes. Cellule familiale prédominante, voyage dans les grands espaces, shérif alcoolique, fuite à cheval, et l’Amérique rurale et raciste du 19ème siècle dans toute sa splendeur servant de décors … Mais il risque de ne pas satisfaire les lecteurs qui s’attendent à des duels à OK Corral ou des bagarres de saloons.

L’histoire, minimale et déceptive, n’en est pas moins captivante. Faussement linéaire, ce roman graphique scrute avec une grande habilité la psychologie des personnages, leurs tourments et leurs espoirs, et fait preuve d’une grande habilité narrative. De fausses pistes en flashback, Rouge comme la neige balade le lecteur tout au long de ses 110 pages. Mais ce qui marque le plus, c’est l’extraordinaire travail sur les visages, les regards, les non-dits entre personnages. Le graphisme tout dégradé d’ocre quasi monochrome, d’où seul le sang se détache vraiment, est un plaisir pour les yeux et offre une forte identité au récit. Cette technique donne l’impression de se plonger dans un ensemble de photographies d’époque, jaunies par le temps. Et si le trait est torturé (la ligne claire ? connait pas !), il n’en est pas moins maitrisé, surtout pour les gros plans sur les visages.

Un roman graphique réussit, où une histoire classique se voit transcendé par la psychologie des personnages et une mise en image de qualité.

A propos Julien Chanet 20 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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