Room, place aux émotions

room poster

Room

de Lenny Abrahamson

Drame, Thriller

Avec Brie Larson, Jacob Tremblay, Joan Allen

Sorti le 2 mars 2016

Room est l’adaptation du roman éponyme d’Emma Donoghue, qui a elle-même écrit le scénario. Le film a été nommé aux Oscars dans les catégories du meilleur film, du meilleur réalisateur (Lenny Abrahamson), de la meilleure actrice (Brie Larson, qui a remporté le prix) et du meilleur scénario adapté (Emma Donoghue).

Jack a 5 ans et vit avec sa mère, Ma, dans une pièce dont l’unique porte s’ouvre grâce à un code qu’ils ne possèdent pas. Malgré leur claustration, ils évoluent dans un monde infini imaginé par Jack au gré des récits que lui raconte sa mère. Mais un jour, Ma ne supporte plus cette captivité et va tenter, avec l’aide de Jack, de retrouver la liberté.

La première partie du film, qui se concentre sur le quotidien de Jack et Ma dans leur petite pièce complètement hermétique au monde extérieur, a des accents allégoriques platoniciens traités avec une poésie et une tendresse absolues, pourtant inimaginables dans leur situation. La seule fenêtre de la pièce laisse uniquement voir le ciel, et l’autre lucarne dont ils disposent ne montre à Jack que des images fantomatiques et illusoires. Cette ambiance métaphorique laisse ensuite place à la réalité, ses biens mais aussi ses maux, qui contrastent avec ceux d’une existence vécue en réclusion, hors de toute société. Ce clivage paradoxal entre séquestration rassurante et liberté angoissante est parfaitement traduit dans la mise en scène et les décors du film. En effet, l’exiguïté et l’atmosphère de la pièce, essentiellement décorée de dessins de Jack, apportent un sentiment de sécurité et de réconfort, telle une cabane d’enfant. Le cadrage rapproché des plans accentue cette impression en ne nous laissant jamais voir la pièce dans son intégralité, nous cantonnant ainsi à la vision qu’en a Jack, qui la considère comme l’univers entier. Le monde du dehors est au contraire filmé de manière plus large. La distance, et donc le danger, se font davantage ressentir. Les décors et l’environnement extérieur ne contiennent pas l’aspect enfantin de la pièce, ils semblent plus froids, plus impersonnels. Le spectateur est emporté par ces émotions contradictoires et n’en ressort que plus perturbé.

Le jeu des acteurs – une Brie Larson très touchante dans la peau d’une mère tentant de donner à son fils une vie la plus normale et la plus heureuse possible malgré les circonstances, le jeune Jacob Tremblay endossant avec une maturité étonnante le rôle de Jack, et Joan Allen sobre et émouvante sous les traits d’une femme qui s’était résignée à ne plus voir sa fille –, l’ambiguïté que chacun transmet à son personnage et l’intelligence avec laquelle l’histoire est traitée font que l’on ne tombe jamais dans les travers larmoyants que pourrait susciter un tel sujet.

Room aborde avec une infinie douceur un thème des plus tragiques, sans jamais tomber dans le mélodramatique, ce qui ne fait qu’augmenter son impact émotionnel.

A propos Julie Vermandele 24 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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