« Rocks », demain sera forcément meilleur qu’hier

Rocks
de Sarah Gavron
Drame
Avec Bukky Bakray, Kosar Ali, D’angelou Osei Kissiedu
Sorti le 23 septembre 2020

Où étiez-vous à 15 ans ? Qu’auriez-vous fait si, comme Shola (alias Rocks), votre mère avait disparu un soir, vous laissant seule avec votre petit frère, quelques billets dans une enveloppe et la certitude de voir les services sociaux débarquer d’un jour à l’autre ?

Du cinéma de Sarah Gavron, on sait qu’il s’axe sur les travers de la société britannique, ses failles présentes (Brick Lane, 2007) et passées (Sufragette, 2015). Rocks, sans déroger à cette approche, poursuit la réflexion sur l’intégration des familles immigrées qui sont celles de Shola, Sumaya, Roshe et les autres.

Une intégration vécue très différemment par les jeunes femmes, mais qui choisissent toutes de se rassembler, de se serrer les coudes, de survivre coûte que coûte. Cette énergie, on la retrouve de bout en bout dans le travail de la réalisatrice, qui s’amuse avec son casting à détourner les cadrages classiques du cinéma, pour transmettre au mieux la force et la joie de vivre de ses héroïnes, malgré tous les défis.

Fruit d’un long travail de recherche basé sur des ateliers de jeunes et de travailleurs sociaux, le scénario et les péripéties tragiques de Rocks mettent en lumière toutes les facettes du jeu de ces filles, actrices amateures, mais qui bluffent par leur naturel, par leur liberté face à la caméra.

« Il y a quelque chose de captivant dans cette tranche d’âge, où s’exerce un changement assez radical, tant physiquement que dans la façon de voir le monde », déclare la réalisatrice. Un changement que Sarah Gavron nous fait vivre par ses personnages, tantôt méfiantes, tantôt crédules, mais toujours vraies. À travers elles, à travers Rocks, c’est toute la difficulté d’appréhender un monde inconnu et hostile, celui de l’âge adulte, qui se livre aux yeux des spectateurs.

Plus qu’une oeuvre militante, le film nous montre ce que peut être la vie de ces jeunes livrées à elles-mêmes. Il n’y a pas vraiment de « méchants » ou de « gentils » dans Rocks, juste un point de vue à partager. L’expérience d’une vie bouleversée, mais qui toujours va de l’avant, avec l’espoir que demain sera forcément meilleur.