Putain de guerre de Tardi

auteur : Jacques Tardi
éditions : Casterman
date de sortie : janvier 2014
genre : Histoire

Cela fait longtemps que Jacques Tardi est hanté par cette boucherie qu’à été la première guerre mondiale. Cela fait longtemps également qu’il cherche à comprendre les raisons qui ont poussé l’homme à tant de violence et à tant de bêtise. C’est pourquoi, depuis plus de trente ans, il explore ce pan de notre histoire. Aujourd’hui, les éditions Casterman sortent un collector d’une partie de son travail, 1914-1918 Putain de guerre réalisée en partenariat avec l’historien spécialiste de cette triste époque, Jean-Pierre Verney. Ensemble, ils ont tenté de comprendre encore une fois cette aberration qui a envoyé tant de jeunes gens innocents à l’abattoir.

Tardi renoue au travers de cet album avec les évènements de la première guerre mondiale en se plongeant dans le quotidien des hommes qui étaient sur le champ de bataille. Au travers de ces tristes bougres sacrifiés au nom de la patrie, de tous ces pantins écorchés n’ayant rien à réellement se reprocher les uns aux autres mais obligés de s’entre-tuer d’un camp à l’autre, Tardi exprime tout son anti-militarisme. Pour cela, le dessinateur se plonge dans un récit de fiction prenant place au cœur d’une reconstitution historique impeccable et pleine de véracité.

C’est ainsi qu’au tout début, bien que le ton amer du texte résonne déjà à nos oreilles, le dessin exprime les populations en liesse face au départ des troupes de soldats. Les pages sont emplies de vie, de couleurs et de cris. Un seul semble réaliser le fond de l’histoire, le narrateur. Il dénonce ce système militaire qui se sert de civils pour aller mourir au combat tandis que les généraux restent planqués. Il regrette ces français qui se voient abattus comme des chiens parce qu’ils ont osé douter de la nation. Le ton est très amer et ironique à la fois. Pas à pas, l’image rejoint le discours. Elle enterre devant nous tous ces poilus qui s’enlisent dans la boue et dans les boyaux de leurs camarades. L’image absorbe de plus en plus toute cette vie et cette couleur qui inondaient les premières pages et les fait disparaître sous la monochromie des tons boueux de la terre et de la grisaille. Tardi exprime un point de vue sincère sur la réalité de la guerre et sur l’horreur qu’elle porte en elle. Le dessin va loin dans le témoignage des abominations des combats mais sans jamais pour autant tomber dans le glauque.

Au travers de ce travail du dessin et du texte, Tardi et Verney nous plongent dans la lourdeur de l’ambiance des champs de bataille. Il devient aisé d’imaginer la peur qui vous prend au ventre, le froid et l’humidité qui vous glacent jusqu’aux os ainsi que le désespoir qui vous empli face aux corps inertes à vos pieds. Le duo nous fait réellement entrer dans ses propres interrogations et nous donne toutes les clés pour y réfléchir à notre tour.

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