Problemski Hotel, entre espoir et réalité

problemski hotel poster

Problemski Hotel

de Manu Riche

Drame

Avec Tarek Halaby, Evgenia Brandes, Gökhan Girginol

Sorti le 13 janvier 2016

Il y a un an, Le Suricate Magazine se rendait sur le tournage du dernier film de Manu Riche : Problemski Hotel. Suite à sa rencontre avec l’écrivain et journaliste Dimitri Verhulst, le réalisateur décidait d’explorer le monde cru et blessé de ces migrants perdus entre deux terres, entre deux idéaux. A la jonction entre espoir et réalité, se trouve le point de vue d’hommes réels aux histoires multiples et déchirées.

Bipul ne vient de nulle part. Il parle plusieurs langues et arrive d’ailleurs mais, à ce sujet, il ne dit rien de plus. Conscient de l’enjeu qui repose sur la question identitaire, Bipul ne prend pas le risque de révéler sa propre origine. Peut-être Bipul a-t-il en effet accepté que sa place était dans ce centre plus que nulle part ailleurs. Comme une manière d’aborder la rudesse de ces destinées qui décident de tout quitter – leur terre, leur culture, leur quotidien – pour reconstruire leur vie dans un monde projeté meilleur.

En transit dans un centre d’accueil fantasmé mais inspiré de la situation telle qu’elle s’offre en réalité, Bipul croise les nationalités : Igor le Biélorusse qui s’entraîne à l’aube chaque jour pour entrer dans la légion étrangère, les africains du Nord, de l’est et de l’ouest qui ne partent pas avec les mêmes chances et Lidia, la jolie blonde, qui fuit son pays et projette de rejoindre Londres.

Dans ce centre, Bipul y est, comme nulle part, chez lui. On sent chez ce personnage une fatalité onirique qui fait reflet à la tragédie de la perdition. Comment garder pied dans sa propre identité quand on nous refuse de lui offrir une assise ? Comment continuer de vivre sans être dépassé par la survie à tout prix ?

Dans un décor surréaliste proche de l’imaginaire brut du cinéma flamand, Manu Riche place ses personnages dans un cadre qui ne se lie à rien avec, en prime, la caustique des situations sans solution auxquelles on accorde le crédit de la potentialité. Entre scènes comiques et décalées, et au carrefour de la brutalité de ce qu’on sait et de ce qu’on déplore par humanisme, Problemski Hotel est plus une ode qu’un docu-fiction.

De cette approche, découlent une belle poésie et une originalité qui accrochent l’attention. Toutefois, de ce personnage de Bipul incarné par le danseur et performeur Tarek Halaby ressort une certaine léthargie condescendante qui pourrait agacer. A force de tant connaître, à force d’avoir tant pris ses marques là où on n’est sensé que transiter, il pourrait nous plonger dans l’ennui.

Malgré tout, on s’attache au désespoir et on rêve avec ces vies de passage. On s’émeut de la beauté des choses simples comme danser en rue ou tomber amoureux. Plus encore, on se permet une autre vision des choses, plus douce peut-être bien que féroce.

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