La Planète des singes : l’affrontement

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La Planète des singes : l’affrontement

de Matt Reeves

Science-Fiction, Action

Avec Andy Serkis, Jason Clarke, Gary Oldman, Keri Russell, Toby Kebbell

Sorti le 30 juillet 2014

Ce nouvel épisode se passe 10 ans après le premier. Dix années durant lesquelles le virus (la grippe simiesque) aura considérablement réduit la population humaine de la terre. Rapidement traité en introduction, le cas de la pandémie laisse place à une plongée dans la communauté de singes dont le leader n’est autre César, héros du premier épisode (encore une fois brillamment « incarné » par Andy Serkis). Retranchés dans leur campement, ils n’ont que peu d’informations sur le monde extérieur. Ils vivent de la chasse et de la cueillette dans une certaine harmonie. La poigne de César étant suffisante pour faire régner l’ordre. 
Tout bascule lorsqu’une délégation humaine s’aventure, sans le savoir, sur le territoire des primates. Les premiers, ayant besoin d’atteindre le barrage pour relancer l’électricité dans la ville où ils se sont barricadés, devront traiter avec les singes. De qui pro quo en trahison, l’affaire n’est pas des plus simple à mener…

Passé l’introduction, techniquement bluffante, mais sans âme (comme le reste du film), le film tombe rapidement dans un ennui assez incompréhensible compte tenu de son statut de blockbuster de l’été, et comme suite d’un film, lui, au rythme et au scénario exemplaire. De fait, il est cruel de se rappeler au bon souvenir du reboot La Planète de Singes : Les Origines (2011) tant la comparaison rend cet Affrontement encore plus fade et met en exergue son manque d’enjeu. Là où Les Origines construisait une mythologie avec intelligence, finesse psychologique et ce qu’il faut de nervosité (sans être un chef-d’œuvre, on s’entend) ce nouveau Planètes des Singes étire à l’extrême des situations peu originales, où le suspense est pratiquement absent, un comble.

Mais cela s’explique assez facilement : les deux tiers du film se concentrent sur le rapport de force entre les deux communautés, nous imposant les situations les plus éculées du genre (tractations, coups bas, reprises des négociations, avec les brebis galeuses de chaque camp mettant en péril les accords difficilement arrachés.) À cela vient se greffer un problème supplémentaire, car au-delà du fait qu’il y ait tous ces clichés, nous savons pertinemment que l’affrontement aura lieu. Si au moins il y avait une réelle tension dramatique, cela passerait encore, mais comme ça n’est pas le cas, on s’ennuie ferme ; et lorsque le film veut prendre un peu de hauteur sur la nature humaine, il s’embourbe dans des questions morales dont le traitement est très insatisfaisant.

La noirceur annoncée du film était pourtant bienvenue, – car le côté gentillet du premier pouvait décevoir – mais sans avoir les épaules suffisamment solides pour soutenir la vision shakespearienne du film, le réalisateur et ses scénaristes ratent le coche.


Techniquement irréprochable, on reste aussi sur sa faim concernant l’esthétique globale du film : du déjà-vu et revu. Le monde post-apocalyptique à la sauce Walking Dead n’est pas d’une grande fraicheur, et les emprunts à la louche au western n’arrangent rien. Aussi, avec des singes bien plus charismatiques que les humains (Gary Oldman en pilote automatique), on a pourtant du mal à se laisser embarquer totalement. Si le manichéisme n’est pas traité aussi caricaturalement que d’habitude dans ce genre de production, reste que la facilité avec laquelle les troupes suivent leurs leaders – tant chez les hommes que chez les singes – donne une vision pour le moins mécanique des rapports de forces, alors que tout le film se base sur ses enjeux dramatiques, sur ces tensions.


Si tout n’est pas catastrophique dans ce film, et si quelques séquences retiennent l’attention pour la qualité de leur mise en scène (notamment par l’utilisation maline de la 3D), l’ensemble n’est pas à la hauteur des attentes.

A propos Julien Chanet 20 Articles
Journaliste du Suricate Magazine