Phoenix de Christian Petzold

phoenix affiche

Phoenix

de Christian Petzold

Drame

Avec Nina Hoss, Ronald Zehrfeld, Nina Kunzendorf, Trystan Pütter, Michael Maertens

Sorti le 11 mars 2015

À la fin de la Seconde Guerre Mondiale, Nelly Lenz (Nina Hoss), célèbre chanteuse enfermée à Auschwitz durant la guerre, est la seule survivante de sa famille à sortir du camp. C’est son amie Lene (Nina Kunzendorf) qui la ramène dans un Berlin en ruines, grièvement blessée et atrocement défigurée. Lors de la reconstruction faciale, Nelly insiste pour que son nouveau visage ressemble le plus possible à celui de son passé. Pendant sa convalescence, elle part à la recherche de son mari Johnny (Ronald Zehrfeld). Lorsqu’elle le retrouve, il ne la reconnaît pas mais utilise sa ressemblance pour récupérer son héritage. Commence alors une étrange relation où l’on ne sait plus très bien qui manipule l’autre.

Une histoire d’amour impossible entre un homme qui refuse de reconnaître sa femme, et une femme qui essaie de revivre son passé pour se reconstruire. Chacun a besoin l’un de l’autre, Johnny a besoin d’argent et Nelly veut savoir s’il l’a déjà trahie par le passé pour l’obtenir. Cette recherche de vérité permet la reconstruction intérieure qui finira par s’opérer chez cette femme brisée par son expérience effroyable vécue dans le camp de concentration. Le personnage de Johnny est plus sombre, il ne refuse pas de revivre son passé puisqu’il apprend à Nelly à être identique à son épouse. Pourtant, même si tout le monde autour d’eux la reconnaît, il reste imperméable à cette ressemblance jusqu’à l’épilogue de l’histoire.

C’est ce thème des sentiments que deux êtres humains peuvent avoir l’un pour l’autre et qui se transforment profondément durant une longue absence et qui crée une distance vertigineuse entre eux, qui est repris ici. Avec pour toile de fond, le décor d’une époque très sombre, une fin de guerre dans la ville des vaincus, pas encore en reconstruction parce que peinant à se relever, étourdie par le déchaînement de violence des anciens ennemis.

Un film assez dur tant sur la thématique que sur les décors assez sinistres, avec des plans de Berlin sous les décombres bien réalisés, baignés dans une lumière mélancolique sur fond de couleurs sombres. Le tout est cohérent et nous offre un cinéma d’auteur profond, très personnel et bien construit avec une fin ouverte qui nous prouve que l’on peut toujours renaître de ses cendres.

A propos Daphné Troniseck 254 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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