Phantom Thread : l’amour sur son 31

Phantom Thread

De Paul Thomas Anderson

Drame

Avec Daniel Day-Lewis, Vicky Krieps, Lesley Manville

Sortie le 14 février 2018

Trois ans après Inherent Vice, Paul Thomas Anderson revient avec Phantom Thread, un drame majestueux qui marque les retrouvailles avec Daniel Day Lewis.

Dans le Londres des années 50, Reynold Woodcock (Daniel Day-Lewis) et sa sœur Cyril (Lesley Manville) sont à la tête de la célèbre maison de haute couture Woodcock. Imprégné de cet univers féminin, Reynold Woodcok voit les femmes défiler, lui apportant réconfort et inspiration. Ses habitudes vont être bouleversées le jour où il va rencontrer Alma (Vicky Krieps), une jeune femme au caractère fougueux qui deviendra rapidement sa muse.

Phantom Thread appartient à ces films lents, qui donnent le temps à la contemplation. Paul Thomas Anderson à ce génie de manier avec brio les effets de lumières et les harmonisations chromatiques, ce qui confère à chaque plan une grande élégance. En plus d’être une réussite picturale, Phantom Thread est magnifiée par les compositions de Jonny Greenwood, qui signait déjà les trois derniers films du réalisateur : There Will Be Blood (2007), Inherent Vice (2014) et The Master (2012).

Au-delà de l’aspect formel, la force du film tient à l’admirable performance des acteurs. Si Paul Thomas Anderson nous plonge dans l’univers draconien qu’est celui de la haute-couture, cela n’est qu’un prétexte pour amener le cœur scénaristique, de la grande histoire passionnelle entre Alma et Reynold.

Exigeant mais conciliant, surprenant mais répétitif, Reynold incarne l’ambiguïté. Couturier acharné, presque monomaniaque, il tend à combler le manque affectif de sa mère disparue, en s’entourant de femmes, qui se doivent de répondre à toutes ses extravagances. Au premier rang, sa sœur Cyril, interprétée par la talentueuse Lesley Manville. Antipathique au premier abord, elle apparaît finalement comme le personnage le plus attachant du film.

Face à lui, Alma incarne ce personnage un peu frivole, rencontrée au détour d’un café.

Précipitée dans son rôle de muse, la jeune femme se retrouve très vite sous l’emprise de Reynold. Toutefois consciente du masque que s’est forgé le couturier pour occulter ses faiblesses, elle va petit à petit bouleverser le rapport de force instauré entre eux. Alma entreprend alors de rendre Reynold de plus en plus vulnérable, afin qu’il perçoive en elle, la bonté indispensable qu’elle cherche à incarner. Un acte d’amour qui va peu à peu conduire nos deux protagonistes dans la névrose. Déroutant et inattendu, surtout lorsque le spectateur comprend qu’ils sont conscients, tous deux, de leur démence mais qu’ils s’y complaisent.

La tension du film est à son apogée, dans l’une des dernières scènes du film où Daniel Day-Lewis et Vicky Krieps se livrent à un jeu de regard, glaçant mais triomphant…