« Olinka », un roman choc, amer et sanglant

Titre : Olinka
Auteur : Antonio Ortuño
Editions : Christian Bourgois
Date de parution : 15 avril 2021
Genre : Roman noir

Olinka. Olinka. Ce nom sonne comme une promesse, une rêverie d’artiste démesurée et fabuleuse. En réalité, c’est une histoire d’expropriation, d’accaparement de terres, de complexe de luxe, de blanchiment d’argent et de meurtres.

Dans une famille riche de Guadalajara au Mexique, un entrepreneur, patriarche imposant, décide de bâtir un lotissement luxueux et se retrouve vite englué dans un réseau macabre, inextinguible. Il tire avec lui toute sa famille et lorsque la situation s’avère devenir incontrôlable, il est évidemment hors de question que ce soit lui qui tombe. Alors il faut trouver une victime, un bouc émissaire, mieux, un agneau à sacrifier pour le bien des liens du sang. La victime est toute trouvée, elle est même déjà vouée à la cause.

Quinze ans en prison pour des crimes qu’on n’a pas commis, c’est une épreuve pénible. Et c’est ce qu’a vécu Aurélio Blanco, alias Yeyo. Après ces longues années au cachot, il sort enfin, plus tôt que prévu. Comment reprendre une vie normale après cela ? Impossible et il le sait. Il doit tirer un trait sur cette histoire, réclamer son dû. Entre ses rêves et la réalité, le choc est frontal et le fait vaciller. Alors qu’il tente de retrouver une contenance, il se rend vite compte qu’il a été, est et sera toujours au service des Flores, redevable à jamais pour leurs sollicitations et la place qu’ils lui ont fait dans leur famille. Et ce, peu importe les intentions et le prix à payer.

On sentira quelques longueurs peut-être dans le traitement des situations, mais une très belle chevauchée entre le présent et le passé. Les souvenirs arrivent dans le récit au bon moment, apportant un éclairage neuf et bienvenu sur le déroulé des événements.

Quant au fil rouge de ce roman, c’est bel et bien la violence. Qu’elle soit systémique, économique, social, familial ou personnelle. Elle régit les trajectoires de chaque personnage en proie à une sorte de fatalité semi-acceptée. On les lit essayer de se dépêtrer tout en sachant d’avance que la bataille est vaine.

En dernier mot, Olinka est un roman choc, amer et sanglant. Aucune fin heureuse, aucune sortie, que des impasses dans lesquelles on vient se jeter.