Notre soleil – L’enfer pour la liberté

D’après le roman de Fran Kourouma, Mise en scène de Sandra Raco, Avec Fran Kourouma. Du 28 mars au 2 avril aux Théâtre des Riches Claires.

Tournée prévue au Théâtre Jardin Passion, Théâtre de la Valette, Centre Culturel Bruegel et Studio 12.

Quand le théâtre revendique sa fonction sociale, ce qu’il présente devient un acte de sensibilisation. C’est ce que proposent les Riches-Claires en accueillant « Notre soleil » entre ses murs. A mi-chemin entre conférence et pièce de théâtre, ce spectacle est avant tout une rencontre et il poursuit un but précis : informer les européens de la réalité humaine qui se cache derrière le terme de migrant d’Afrique noire. En malinké, le mot « Notre soleil » signifie « le trajet de vie » et c’est un véritable parcours du combattant que Fran Koumoura, réfugié politique guinéen, nous livre.

Fran, c’est le personnage de la pièce et c’est aussi le comédien qui le joue. A priori rien d’anormal quand l’histoire racontée n’est pas une histoire mais un témoignage, écrit sur un téléphone portable depuis Petit-Château (le principal centre de Fedasil du pays). Comme une purge libératoire, Fran rédige pas moins de 800 pages dans lesquelles il raconte son périple depuis la Guinée jusqu’en Belgique. Parvenu à éditer son histoire grâce à la solidarité citoyenne, il la raconte aujourd’hui avec l’aide de Sandra Raco à la mise en scène.

Fran choisit le seul-en-scène pour livrer les étapes chronologiques de son voyage. La raison de son départ ? La liberté. Parce que quand on est un homme d’Afrique noire issu d’une famille pauvre, deux voies s’offrent à nous : « soit celle de la souffrance à la recherche du bonheur de sa personne et de toute sa famille, soit être un parasite de la société pour toujours. » Refusant d’être esclave de la pauvreté, il se jette à corps perdu dans la première option, sans se douter que l’esclavagisme prend de multiples formes.

Fran. Oui, chaque paragraphe de cette critique débute par ce prénom. Parce qu’au-delà d’être un migrant, un esclave, « la propriété privée d’un passeur », un demandeur d’asile, un sans-abri et aujourd’hui un réfugié politique, c’est surtout un être humain, un homme dont l’identité a été longtemps arrachée. Le spectateur lambda comprendra aisément que vu le contexte et l’objectif poursuivi, ce n’est pas tant la façon dont le récit est livré que le contenu qui est intéressant (dans le cas contraire, nous l’invitons à aller voir un autre style de pièces). Un bord en scène est prévu après chaque représentation, l’occasion d’en apprendre davantage sur un sujet qui est au cœur de notre société.