Never whistle alone, le courage des lanceurs d’alerte

Never Whistle Alone
de Marco Ferrari
Documentaire
Présenté dans le cadre du Festival Millenium 2020

Dans le cadre du festival Millenium qui se tient du 16 au 25 octobre à Bruxelles, les spectateurs ont eu l’occasion de voir le documentaire du réalisateur Marco Ferrari, Never whistle alone, qui traite de la corruption dans son pays, l’Italie, ainsi que du sort réservé aux lanceurs d’alerte. Vaste sujet puisque l’on estime que la corruption représente pour l’Italie uniquement un montant de 100 milliards chaque année, tandis que 723 personnes ont dénoncés ces faits au cours des trois dernières années.

Les lanceurs d’alerte, pas seulement au cinéma

L’actualité récente nous a habitué au terme « lanceur d’alerte », que ce soit à travers la dénonciation de la surveillance sur internet pour Edward Snowden, la révélation de crimes de guerre pour Chelsea Manning ou encore celle de nombreux scandales financiers et d’affaires de blanchiment d’argent. Néanmoins, la réalité de la corruption est parfois beaucoup plus proche, ce que tient à montrer le réalisateur en réunissant pour Never whistle alone sept lanceurs d’alerte (des fonctionnaires, des auditeurs, un comptable dans le champ du traitement des déchets, un chercheur et même un archéologue) et combiner leurs histoires pour former un seul récit. Une histoire unifiée donc, afin de démontrer que si les lieux et les protagonistes changent, les mécanismes qui sous-tendent la corruption sont toujours identiques.

Un combat solitaire

Assez froid, le documentaire n’en est pas moins extrêmement pédagogique, expliquant de manière approfondie les différentes phases par lesquelles passe le lanceur d’alerte dans son combat contre la corruption. Car dénoncer les faits n’est que la première étape d’un long chemin de croix qui précipitera souvent les dénonciateurs au-devant de nombreux problèmes tant au niveau de leur travail que de leur santé ou parfois même de leur intégrité physique. Un des aspects les plus sombres du film est d’ailleurs de remarquer à quel point les lanceurs d’alerte sont souvent seuls dans leur combat, et que si parfois ils trouvent du soutien, ils ne le doivent qu’à leur propre persévérance.

La vision de Never whistle alone provoquera chez le spectateur de nombreux sentiments antagonistes, de la frustration et de la colère face à un système et une partie de la société qui nient souvent le phénomène et placent souvent l’accusateur dans le box des accusés, mais également de la fierté et de la reconnaissance face à ces anonymes qui place l’idée du service public et de l’intégrité en première position, au risque d’en subir de lourdes conséquences. Un documentaire édifiant et instructif donc.