« My Kid », l’amour parental à l’épreuve de l’autisme

My Kid
de Nir Bergman
Drame
Avec Shai Avivi, Noam Imber, Smadi Wolfman
Sorti le 22 décembre 2021

Nir Bergman, le réalisateur acclamé de la série En thérapie, signe avec My Kid un film subtil sur l’attachement entre un père et son fils. Aharon a consacré sa vie à élever son fils Uri, jeune adulte autiste. Ils vivent ensemble dans une routine coupée du monde réel. La mère d’Uri considère que leur fils devrait aller dans une institution spécialisée, une séparation que le père a du mal à affronter car il est sceptique sur le fait qu’Uri y serait mieux pris en charge. Confronté à une crise d’Uri alors qu’ils sont en route vers son nouveau lieu de vie, Aharon décide de s’enfuir avec son fils.

Magnifiquement interprété par les acteurs israéliens Shai Avivi et Noam Imber, My Kid est comme une méditation sur l’inévitable séparation entre parent et enfant, séparation d’autant plus poignante avec un enfant handicapé à qui un père a donné sa vie.

Sous le soleil d’Israël, le réalisateur Nir Bergman nous plonge au cœur de cette relation symbiotique où père et fils vivent dans une bulle avec leurs rituels et une dépendance mutuelle. Comment ne pas être touché et attendri par leur façon d’être ensemble, avec un mode de communication et un humour bien spécifique. La mère d’Uri ne semble pas compter pour celui-ci. Or, elle aussi a à cœur d’offrir à son fils ce qu’il y a de meilleur et après maintes efforts, elle a dégoté une place dans un très bon institut spécialisé pour Uri.

Face à son insistance, Aharon se résout donc à y amener Uri, mais confronté à une crise, il revient sur sa décision et ils prennent ensemble la tangente. Ils arrivent tout d’abord chez une amie avec qui le père a eu une histoire quand il était jeune. Au cours d’une soirée de retrouvailles, on mesure combien le père a sacrifié sa vie aussi bien au niveau professionnel qu’amoureux pour son fils. Deuxième étape dans la station balnéaire d’Eilat, qui amène des scènes cocasses. À côté de jeunes filles en maillot de bain, l’excitation d’Uri ne passe pas inaperçue. À court d’argent, Aahron rend enfin visite à son frère et à sa femme sur leur bateau, mais tout ne se passe pas comme prévu. Une altercation avec un vendeur de plage mettra fin à leur escapade.

Vient alors un moment de vérité et une scène d’une grande justesse entre le père et la mère au sujet de ce placement. Quand les parents sont en désaccord, mais chacun animé des meilleures intentions, qui peut et doit trancher ? Ce film traite justement de cela. Est-ce que la personne qui s’occupe le plus de l’enfant est celle qui a nécessairement raison ? Peut-on reconnaître qu’une institution spécialisée peut mieux répondre aux besoins de son enfant que soi-même ? Toutes ces questions sont explorées, et plus encore.

My Kid, ce sont surtout des moments du quotidien où vibrent un supplément d’âme, notamment lors de la scène d’anthologie où père et fils se rasent sur le son de Gloria d’Umberto Tozzi. Nir Bergman sait saisir tout en finesse les grandeurs et les failles de ses personnages. Finement ciselés, les dialogues de la scénariste Dana Isidis sont inspirés de la relation étroite entre son père et son frère également autiste. Juste et poignant.