Millenium 2019 : « Children of the Snowland », quand l’éducation est ce qu’il y a de plus précieux

Children of the Snowland
de Zara Balfour et Marcus Stephenson
Documentaire
Film présenté dans le cadre du Festival Millenium 2019

Children of the Snowland traite avec poésie du choc entre culture et traditions dans un pays dont la géographie fracture la population entre deux modes de vies radicalement différents.

Snowland est une école à Katmandu qui accueille des enfants de villages très retirés dans les montagnes de l’Himalaya. A 16 ans, après plus de dix ans passés dans l’établissement, trois pensionnaires retournent pour la première fois dans leurs familles respectives, pour un séjour de trois mois. Le retour dans leurs villages sera long et périlleux, nécessitant des treks de plusieurs jours sur des sentiers escarpés en haute montagne. Les retrouvailles entre ces jeunes de la ville et leurs proches seront parfois déroutantes, confrontées à un choc culturel et générationnel inévitable.

Bien mis en scène avec des chapitres qui construisent lisiblement tout le récit, Children of the Snowland montre avec subtilité les difficultés rencontrées par des familles qui se sacrifient en se séparant de leurs enfants pour leur offrir un avenir meilleur. Ces jeunes népalais, déracinés dès le plus jeune âge, ne comprennent pas toujours pourquoi leurs parents les ont abandonnés et c’est ce que certains d’entre eux vont comprendre peu à peu lors d’un retour initiatique dans leur famille. Les réalisateurs Zara Balfour et Marcus Stephenson ont suivi Jeewan, Tsering Deki et Nima pendant trois mois, de leur long périple pour atteindre les montagnes de l’Himalaya, à la rencontre avec leur famille et leur intégration dans une nouvelle culture.

Choisir entre famille ou éducation

Pour ces adolescents qui ont vécu la plus grande partie de leur vie dans l’école de Katmandu, les résidents de Snowland sont devenus leur famille. Ils ne cacheront d’ailleurs pas leurs appréhensions par rapport à leur départ du seul lieu qu’ils connaissent et à leur séjour dans un village dont ils n’ont pas ou peu de souvenirs. « Comment vais-je survire sans technologie ? » s’inquiète Jeewan, dont le smartphone ne lui sera pas d’une grande utilité sans électricité et sans réseau. Equipés de petites caméras, ils réaliseront un reportage sur leurs expériences afin de les partager avec leurs camarades d’école à leur retour.

De hautes espérances

Les voilà partis pour trois mois d’aventure, loin de leurs amis et de la civilisation. Après des heures de bus et un batême de l’air vers l’Himalaya, les trois adolescents devront faire face à d’autres challenges pour atteindre leur village d’origine. Jeewan et Tsering Deki marcheront pendant trois jours pour retrouver leur famille. Nima devra quant à lui braver les montagnes enneigées et le mal d’altitude pendant près de quinze jours avant de rencontrer sa famille. Au cours de ces longs périples sur des sentiers escarpés donnant sur des paysages à couper le souffle, chacun fera part de ses attentes et de ses craintes par rapport aux retrouvailles avec leurs proches. C’est surtout la rencontre avec leur mère qui les anime car la femme tient une place primordiale au sein de ces populations traditionnelles népalaises.

Une nouvelle vision de la vie

Si les retrouvailles ne se passent pas toujours comme ils l’auraient espéré, les adolescents vont retirer de ces expériences un apprentissage unique. Alors qu’ils ont été éduqués dans la modernité, ils se voient propulsés dans un mode de vie ancien, sans confort, où l’unique préoccupation des habitants est de survivre. Et c’est pour cela que certains parents, souvent les mères, décident d’envoyer l’un de leurs enfants très loin, pour lui laisser une chance de vivre une autre vie, celle qu’elles n’ont pas eue.

Tsering Deki, Jeewan et Nima reviendront le cœur et les yeux remplis de souvenirs mais aussi de larmes car ils ne savent pas s’ils reverront leurs proches un jour. Mais ce qui ressort surtout de cette expérience, c’est la sagesse et la maturité qu’ils ont acquises : « Pour accomplir quelque chose, il faut abandonner autre chose », « On devrait être content avec ce qu’on a, on ne devrait rien demander de plus », concluront-ils. Children of Snowland transmet avec un regard doux et sans jugement, un message de tolérance et d’ouverture et met en lumière un peuple d’un autre temps qui se bat pour donner un chance à ses enfants.

Au cinéma Vendôme le 26 mars à 20h30

A propos Déborah Neusy 27 Articles
Journaliste du Suricate Magazine