« Marilou est partout », un roman déroutant

Titre : Marilou est partout
Autrice : Sarah Elaine Smith
Editions : 10-18
Date de parution : 19 août 2021
Genre : Roman

Marilou est partout est le premier roman de l’américaine Sarah Elaine Smith. Traduit de la version originale en anglais Marilou Is Everywhere par Héloïse Esquié, le roman emmène le lecteur dans une histoire intrigante, bizarre et décalée.

Cindy Stoat est une jeune fille élevée par ses deux grands frères dans la campagne de Pennsylvanie. Leur mère les ayant abandonnés depuis plusieurs mois, ils tentent tant bien que mal de se nourrir et de mener une vie décente. Un été, Jude Vanderjohn, l’ex-petite-amie de Virgil – qu’il surnommait Marilou – est portée disparue. Sa mère, Bernadette, perd la tête : elle devient folle et ne semble pas se souvenir de la disparition de Jude. Alors que Virgil et Cindy l’aident à nettoyer sa maison, elle prend cette dernière pour sa fille. Motivée par Virgil – qui pense que ça aidera Bernadette – et par son envie de se glisser dans une vie plus appréciable que la sienne, Cindy incarne le personnage à la perfection et s’installe dans la maison familiale de Bernadette. L’enquête sur la disparition de Jude avance cependant… Peut-il y a voir deux Jude Vanderjohn ?

Loin de se focaliser sur l’enquête policière sur la disparition d’une jeune adolescente, le roman accorde beaucoup plus d’importance à la psychologie de la jeune Cindy qu’à l’intrigue et au suspens lié à la disparition. Cela crée une ambiance bizarre reflétant l’état psychologique perturbé de la protagoniste, dont l’innocence et l’enfance ont été volées pour laisser place à la tristesse, la douleur et l’envie. L’envie de vivre ailleurs, dans un autre monde, dans une autre vie. Cet angle d’approche offre une perspective intéressante au lecteur, mais quelque peu plate et peu envoutante. La disparition de Jude est au centre de l’histoire, mais n’est finalement qu’un prétexte pour plonger dans la psychologie de la narratrice et dans sa relation avec Bernadette. La résolution du mystère prend finalement peu de place dans le roman et ne ravivera donc pas les amateurs de suspens.

A ce manque d’intrigue s’ajoute un style d’écriture décontenançant. La plume de l’auteure semble en effet rechercher l’aspect unique et original à tout prix, mais le rendu final abouti plus à un style confus et sans grand intérêt. Certaines phrases semblent tomber comme un cheveu dans la soupe au milieu de la narration sans apporter grand-chose à celle-ci et rendent au final la lecture saccadée et, parfois, dérangeante.

Marilou est partout est un livre unique et original, différent de ce qu’on a l’habitude de lire. Ce caractère étrange du roman est amené par la narratrice, dont les pensées reflétées tout au long du roman sont bizarres et parfois incompréhensibles. Cela rend la lecture compliquée par moments, et il n’est pas rare de devoir s’arrêter sur certains passages pour les décortiquer et tenter de cerner ce qu’il se passe dans la tête de la narratrice.