Maman a tort, le monde merveilleux des adultes et du travail

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Maman a tort

de Marc Fitoussi

Comédie dramatique

Avec Jeanne Jestin, Émilie Dequenne, Nelly Antignac, Camille Chamoux, Jean-François Cayrey

Sorti le 23 novembre 2016

Lors de son stage d’observation de troisième – une semaine d’immersion en entreprise – Anouk, 14 ans, découvre une face de sa mère qui lui était alors inconnue : celle de l’employée d’assurance contrainte de faire des concessions avec son éthique pour garder son travail. Entre petites humiliations ordinaires de la vie de bureau et arnaques internes visant à berner les affiliés, Anouk se frotte non sans conséquences au monde des adultes.

Depuis son premier film (La Vie d’artiste, en 2007) Marc Fitoussi tente de faire un cinéma populaire, d’apparence légère, sous le vernis duquel se loge souvent une mélancolie latente, voire une certaine dureté. Maman a tort est en cela totalement emblématique de sa démarche et atteint un certain degré d’efficacité scénaristique. Mais ce statut de film de scénario est aussi ce qui fait sa faiblesse car, bien que servis par un beau casting, ses personnages apparaissent assez vite comme des fonctions dans une mécanique trop bien huilée.

Au fur et à mesure qu’Anouk découvre les agissements de la compagnie d’assurance, et plus particulièrement ceux de sa mère, les personnages semblent de plus en plus se défendre et s’apporter eux-mêmes des circonstances atténuantes – de façon très premier degré, par l’intermédiaire du dialogue. Ce que le film tente d’avancer de manière feutrée, pas à pas, sans avoir l’air d’y toucher, c’est que tout le monde a ses raisons et que personne n’est assez irréprochable pour pouvoir juger les actes des autres, pas même une adolescente de 14 ans, pas même un réalisateur-scénariste démiurge, pas même un spectateur de cinéma.

Si le film pourrait ainsi contourner le politiquement correct et apparaître comme une réflexion plutôt recevable sur les principes moraux et leur confrontation à la réalité sociale, sa manière d’avancer ses pions avec roublardise finit par le desservir. Plus grave, l’idée de faire passer un personnage a priori vierge d’idéaux par le stade de la conscientisation pour finir par lui faire comprendre que rien ne sert de lutter rend le film dangereusement dissuasif, comme s’il prônait l’individualisme et l’opportunisme social.

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