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    Lumière sur Mâon Fair : l’émancipation par la matière

    Sous les vitraux irisés de la Chapelle de Boondael, Mâon Fair – « Ni marges ni centre » fait dialoguer douze artistes venus d’horizons multiples. Entre papier mâché, peinture, verre et matière imprimée, la lumière devient langage commun : celui d’une création affranchie des codes, où chaque œuvre raconte la liberté de s’inventer en dehors des cadres.

    À la Chapelle de Boondael, l’art se déploie en éclats de lumière et de mémoire. Du 16 au 19 octobre 2025, la première édition de Mâon Fair, foire d’art contemporain indépendante initiée par Ôdewa et Mâon Art Plus, invite à abolir les frontières entre centre et marges.
    « L’idée était de donner la parole à des artistes que l’on voit peu, explique la curatrice. Les femmes se sont imposées naturellement, non par militantisme, mais parce qu’elles restent minoritaires dans de nombreux contextes. »

    Douze artistes venus d’horizons variés — Lauriane Yougang, DIAAAne, Geoffrey Winston Hargrove, Martine Grynberg, Aurélie Prestigiacomo et d’autres — réenchantent la chapelle bruxelloise, transformée en phare de création. L’espace, récemment doté de quatorze vitraux contemporains signés Jordan Söderberg Mills, devient le symbole lumineux de cette philosophie : un lieu d’art désacralisé, ouvert à toutes les voix.

    Dès l’entrée, la sculpture en papier mâché d’Aurélie Prestigiacomo accueille le visiteur comme une gardienne bienveillante. Fragile et sans visage, elle incarne la posture d’écoute que revendique la foire. Un peu plus loin, la Camerounaise Lauriane Yougang déploie ses toiles pointillistes, composées de cercles et de sphères symbolisant la circularité du vivant. « Lauriane croit à la réincarnation, explique le galeriste Martin Toumpsin. Chaque point est une planète, chaque femme peinte, une énergie. »

    Martine Grynberg, elle, transforme d’anciens bottins téléphoniques en sculptures organiques, à mi-chemin entre roche et champignon. La matière imprimée, mémoire d’un monde analogique, renaît sous forme de créature vivante : une poétique de la transformation et de la trace.

    Face aux vitraux irisés, le duo Geoffrey Winston Hargrove / Kool Koor relie Bronx et Bruxelles dans un dialogue père-fils entre graffiti, photographie et calligraphie urbaine. Le CardinAlphabet du fils évoque la recherche d’un langage universel, sans mots ni frontières.

    Enfin, la peintre DIAAAne (Diane Stordiau) enveloppe ses personnages d’un halo rosé et vaporeux. Inspirée de photographies familiales, sa série À nos jours heureux réinvente la mémoire maternelle en une rêverie douce-amère. « Je m’interroge sur ce que ma mère a pu rêver, sur la façon dont son histoire résonne avec la mienne », confie-t-elle.

    Entre lumière et matière, Mâon Fair transforme la Chapelle de Boondael en un récit collectif. Une conversation entre mémoires, corps et héritages, où chaque œuvre devient un signe d’émancipation. « L’objectif, conclut Ôdewa, est de poursuivre cette aventure, d’aller vers d’autres lieux, d’autres publics. Que l’art reste un espace d’accès et de liberté. »

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