Titre : L’ours! L’ours!
Auteur.ice.s : Julia Phillips
Edition :Autrement
Date de parution : 08 janvier 2025
Genre du livre : Roman
Si l’on présente souvent les Etats-Unis comme le pays de tout les possibles, un rêve américain alimenté tant par la littérature que par le cinéma d’Hollywood, ce même milieu artistique s’est également souvent emparé de la thématique des laissés-pour-compte, que ce soit via la littérature, la photographie ou le cinéma. Flambeau repris par Julia Phillips avec son roman L’ours ! L’ours !, qui nous fait voir l’envers du décor d’un paysage à première vue paradisiaque.
À presque trente ans, Sam et Elena mènent une existence aussi étriquée que l’île de l’État de Washington où elles ont toujours vécu. Elles se saignent aux quatre veines pour couvrir les frais médicaux de leur mère, gravement malade, se raccrochant à un rêve, une promesse qu’elles se sont faite : celle d’un jour quitter San Juan, ensemble, pour vivre enfin leur vie. Un matin, un ours apparaît près de leur maison et se met à rôder sur l’île. Sam, terrifiée, est convaincue qu’il est temps de partir ; Elena, au contraire, semble envoûtée par l’animal. La bête sauvage exacerbe leurs angoisses comme leurs espoirs, créant peu à peu une fracture irréparable entre les deux sœurs.
L’ours ! L’ours ! brasse de nombreuses thématiques, que ce soit le rapport différent que l’on peut entretenir face à la nature – émerveillement ou rejet – la fragilité des relations familiales avec son lot de non-dits, de mensonges et d’espoirs mais également la dureté du capitalisme qui broie les êtres les moins adaptés, les moins préparés, ceux qui n’ont pas su profiter des avantages afférents à leur groupe ou classe sociale.
L’ours! L’ours! est un roman extrêmement émouvant, tant par la beauté des rencontres qu’il décrit, l’atmosphère magique et éprouvante installée par l’autrice mais également par la dureté de l’existence vécue par Sam et Elena, une réalité vécue par des millions d’Américains dans un des pays les plus prospères au monde.
Et à savoir qui de la nature ou du système économique et social est le plus sauvage, on ne se fait aucune illusion, tout comme l’autrice d’ailleurs qui n’hésite pas à briser ce semblant de normalité pour appuyer son propos.