Lilting de Hong Khaou

lilting affiche

Lilting

de Hong Khaou

Drame, Romance

Avec Ben Whishaw, Pei-Pei Cheng, Andrew Leung, Morven Christie, Naomi Christie

Sorti le 22 octobre 2014

Lilting d’Hong Khaou retrace la vie de Junn, une mère sino-cambodgienne qui a perdu son fils et peine à en faire le deuil. Surtout parce que Richard, l’ami de son fils, qu’elle n’a jamais aimé, souhaiterait entrer en communication avec elle alors que tout les sépare : la langue, mais aussi la culture. La seule chose qui les unit est l’amour pour Kai, le fils, l’amant, parti trop tôt… C’est par le biais d’une traductrice, Vann, qu’ils vont essayer de se comprendre et d’avancer.

Au fur et à mesure du film, grâce à l’alternance de scènes avant et après la mort de Kai (Andrew Leung), on comprend à quel point il était aimé, tant par sa mère que par son compagnon. Ce film est chargé d’émotions, il fait passer du rire aux larmes en quelques secondes, car il mélange à merveille une petite dose d’humour, notamment grâce au personnage d’Alan (Peter Bowles), l’ami anglais de Junn, et la tristesse du deuil, dont on sent Richard complètement chargé.

Ben Whishaw (Le Parfum, I’m not there), qui joue Richard, est sublime dans ce rôle. Il est impressionnant de justesse et réussit à transmettre quelque chose de terrible, à savoir le malheur éprouvé lors de la perte de l’être aimé, et l’envie d’aller de l’avant, de concrétiser les projets que l’autre n’a pas pu réaliser à temps, et ce sans même être obligé de parler, rien qu’à travers ses regards emplis de sa présence et de ses émotions.

Ce film pose de nombreuses questions, notamment celle de la nécessité de la traduction pour se comprendre, lorsque Junn et Alan, qui ne parlent pas la même langue, semblent s’entendre par d’autres moyens, notamment le regard, le toucher, etc. Mais quand ils commencent à échanger des mots, rien ne va plus. A-t-on toujours besoin de parler pour se connaître ? Ne suffit-il pas de laisser les sens entrer en jeu ? Lilting traite de grands thèmes, notamment de la difficulté d’acceptation de la part des parents de l’homosexualité des enfants, et la prise en charge des personnes âgées, qui n’est pas toujours évidente lorsqu’on s’y retrouve confronté avec un proche.

Hong Khaou, à la fois scénariste et réalisateur, s’est inspiré pour son premier long métrage de sa propre mère, qui habite depuis trente ans en Angleterre et n’a toujours pas appris à parler anglais. Ainsi elle serait peut être comme Junn, qui, sans son fils, n’a plus personne qui ne comprenne sa langue avant l’arrivée de la traductrice, et ne se sent pas à l’aise dans sa maison de retraite au décor ancien sensé la faire se sentir encore jeune. Cheng Pei Pei (L’hirondelle d’or, Tigre et Dragon) qui incarne Junn, est une des légendes du cinéma d’art martial asiatique, et impressionne d’autant plus par sa maîtrise et sa réserve dans ce film, qui n’a rien à voir avec ce qu’elle joue d’habitude.

Ce n’est pas étonnant qu’il ait remporté le prix de la photographie au festival Sundance 2014. Lilting est un film délicat, touchant, intense, troublant, et tout simplement beau.

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