Les Paroles restent, l’éloquence comme méthode de découverte de soi

Les paroles restent
de Pauline Roque
Documentaire
Présenté dans le cadre du Festival Millenium 2020

En suivant les participants du concours Eloquentia, plus particulièrement trois d’entre eux, Kassy, Nael et Esther, se former à l’art de la parole, Pauline Roque dresse le portrait touchant de personnages en pleine découverte d’eux-mêmes dans Les paroles restent. Un premier documentaire sorti en 2019, et (re)découvert à l’occasion du Festival du film documentaire Millenium 2020.

Le concours, d’abord sujet, devient rapidement accessoire dans le propos, qui glisse petit à petit vers les protagonistes et leurs propres défis. Parler, et apprendre à parler, c’est en effet faire un vrai travail d’introspection, de réflexion sur ce qui nous limite, sur ce qui nous construit en tant qu’être humain et être social. Dans le cas d’Esther, c’est dans la famille qu’elle trouve ses blocages, mais aussi les clés pour surmonter ses problèmes. Pour Kassy, c’est à travers son identité qu’elle parviendra à se construire et à se libérer des stéréotypes. Pour Nael enfin, c’est un défi, un combat qui doit permettre de se dépasser soi-même. Chacun à leur manière, ils s’emparent du concours pour en faire quelque chose de plus grand, de plus signifiant qu’un simple exercice d’argumentaire.

Développement personnel

Un processus que la réalisatrice saisit avec brio, alternant les passages de formation avec les moments intimes d’introspection et de doutes. Proche de ses personnages, avec qui on sent une complicité et une confiance qui s’installent, elle parvient à capturer l’essence de ce que ses protagonistes tirent de ce concours, au final peut-être trop monotone, trop « lissant » pour eux. Car on se rend rapidement compte que l’échec ou la réussite des épreuves et l’accès aux finales, s’ils comptent bien sûr pour les trois jeunes adultes, nous importent peu et ne représentent d’ailleurs pas le point de focale de Pauline Roque. À travers son regard, et avant peut-être même que les personnages en prennent conscience, on comprend que le vrai intérêt de ce documentaire édifiant réside dans le développement personnel que chacun retire de cette expérience. Plus qu’une compétition, le concours devient une vraie thérapie par la parole, et c’est bien là qu’il faut chercher tout l’attrait des exercices qui nous sont proposés, au-delà de l’argumentation rhétorique par trop réductrice.

Le véritable accomplissement, ce qui reste, c’est dans les paroles et dans l’humain qu’il se trouve. Une conclusion que Pauline Roque nous fait découvrir en plaçant sa caméra là où il faut, en saisissant les instants de grâce du quotidien, et en interrogeant chacun des protagonistes sur leur vécu, sur leur histoire, avec autant de simplicité que de talent.