Titre : Les papillons ne meurent pas de vieillesse
Auteur.ice.s : Matz et Frédéric Bézian
Edition : Casterman
Date de parution : 09 avril 2025
Genre du livre : Roman graphique
Ils coiffent les cheveux des petites filles. Ils égayent nos étés. Ils nous fascinent. Les papillons, habillés de couleurs, échauffent nos imaginaires. Si bien que Matz et Bezian se sont donné pour mission de les capturer dans un album à l’esthétique très travaillée.
Ils ont contribué notamment avec Sfar et Lewis Trondheim pour Bezian, David Fincher et Miles Hyman pour Matz. Ces auteurs n’en sont pas à leur coup d’essai. Tout comme Camille Simon, leur personnage fictif. Un entomologiste de renom, envoyé au Brésil pour y étudier les papillons. Mais lorsque le chercheur note l’apparition d’un spécimen rare, aux ailes d’un noir de jais tachetées de différentes nuances de rose, c’est l’ahurissement général. Il ressemble à s’y méprendre au Parides Ascanius Nolentus qui vivait dans les marais de Rio De Janeiro avant son extinction. La découverte du groupe ébranle leurs certitudes et les oblige, par la même occasion, à revoir leur démarche. Il ne s’agit plus seulement d’observer. Il faut aussi assurer la protection de cette espèce ressuscitée.
Ne suscitent-elles pas l’enthousiasme, ces jolies créatures, avec leurs ailes bigarrées ? En tout cas, ce n’est pas Bezian qui dirait le contraire. Le dessinateur fait la part belle à ces insectes féeriques en leur accordant le privilège de la couleur. À part les papillons, l’album n’est que noir et blanc. Mais cela ne veut pas dire que, pour autant, le reste n’a pas d’importance. L’univers particulièrement léché du dessinateur – mis à l’honneur par le format allongé de l’album – magnifie chaque décor. Chaque attitude. La forêt amazonienne est resplendissante. Les jeux d’ombres et de lumières donnent vie à ce poumon vert de la terre. Si bien qu’on se perd avec plaisir dans cette jungle de détails, de trames et de corps anguleux.
Le grand atout de Les papillons ne meurent pas de vieillesse est, donc, son univers visuel. L’histoire, si elle apporte un éclairage à une science peu connue – la lepidoptérologie, ou branche de l’entomologie dédiée aux papillons – se laisse parfois grignoter par la maîtrise graphique. Reprenant l’esthétique des planches zoologiques d’antan, les auteurs nous abreuvent d’informations insolites sur le papillon. On apprend notamment qu’en malais, ces insectes portent le nom de rama-rama. Ou encore qu’ils vivent entre 48h et trois ou quatre semaines. Preuve que si la narration pâtit parfois de la place que prend le dessin, elle n’en est pas moins riche. Sa morale est même louable. En filigrane, c’est un vrai message écologiste qui se détache. Un appel à préserver une nature menacée. Et quoi de mieux pour sensibiliser qu’un être inoffensif, unanimement adoré pour ses qualités esthétiques ?